10 000 signatures pour légitimer un nouveau débat en conseil municipal sur l’avenir des écoles marseillaises. C’est ce que demandent les élus de gauche, à l’origine d’une pétition en ligne contre le partenariat public-privé défendu par la mairie pour rénover 34 écoles amiantées parmi les 444 établissements que compte la ville. Voté le 16 octobre 2017, le programme de rénovation est évalué à près d’1 milliard d’euros sur 25 ans.
Benoît Payan (PS) et Jean-Marc Coppola (PC) rejettent les arguments avancés par la mairie pour justifier son recours à un tel montage juridique. A l’issue du vote en faveur du projet municipal en octobre 2017, l’adjoint au maire de Marseille en charge des Finances, Roland Blum, expliquait que le PPP permettrait d’abord d’accélérer le processus de rénovation, que la ville « n’aurait pas pu porter en une fois ». Il prévoit les premières livraisons en 2021 contre « au moins 2022 avec une maîtrise d’œuvre publique ». En outre, il intègre « les éventuels surcoûts liés aux travaux ».
Contre projet
Côté technique, la délibération déjà préparée par les deux élus s’appuie sur un contre-projet élaboré par le Syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône. Elle fait état des « inquiétudes » des Marseillais concernant un projet « sans concertation, mobilisant l’intégralité des marges de manœuvre budgétaires » de la mairie pour moins de 10 % du parc scolaire. Elle dénonce en outre « la commercialisation du foncier des écoles » et leur « mise sous cloche », niant ainsi le « principe de mutabilité du service public ».
Le texte rappelle enfin que « de nombreux recours, aussi bien gracieux que contentieux, ont été déposés, mettant aujourd’hui [le processus] en grande insécurité juridique ». Et conclut en soulignant que « l’aléa juridique, particulièrement fort sur ce dossier du fait du choix du PPP, peut ainsi faire perdre plusieurs années au projet s’il n’est pas revu ».
Privilégier la rénovation
La contre-proposition présentée privilégie la rénovation à la reconstruction, aboutissant à 300 millions d’euros d’économie par rapport au projet de la mairie. En associant les Marseillais à leur démarche, les élus de gauche, qui ne représentent que vingt sièges sur 101 au conseil municipal, attendent de l’exécutif qu’il revoit sa copie : « être majoritaire n’est plus suffisant aujourd’hui pour imposer des décisions aussi lourdes, estime Benoît Payan. La ville manque de services publics, elle ne peut pas se permettre de dépenser son argent dans des contrats de ce type, sans rendre de compte aux habitants ».
L’élu défend en outre la capacité de la collectivité à s’occuper de ses affaires : « Une commune qui emploie 12 000 agents dispose évidemment des ressources et des compétences suffisantes pour faire construire des classes et des préaux », soutient-il.
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