Lancé en grande pompe le 13 octobre pour accompagner le programme de modernisation Action publique 2022, le comité des experts CAP 22 sort par la petite porte. Edouard Philippe a en effet annoncé, le 2 juillet, que le rapport des experts, prêt depuis la mi-mai, ne serait pas rendu public tel quel, mais dévoilé « au fur et à mesure du temps, et de notre disponibilité ».
Sauf énième rebondissement de dernière minute, on peut donc s’attendre à un enterrement de première classe – pire qu’une mise au placard, puisque, contrairement à d’autres documents du même acabit, comme le rapport « Attali » dont Emmanuel Macron avait été le rapporteur, son contenu ne sera peut-être pas rendu intégralement public.
Pas assez disruptif
Les 34 membres du comité avaient pourtant reçu une alléchante lettre de mission en trois points : améliorer la qualité des services publics, tout en offrant un environnement de travail modernisé aux fonctionnaires et en optimisant la dépense publique. Retoqué une première fois, car jugé pas assez disruptif, le rapport avait dû être retravaillé en mai, pour établir un meilleur chiffrage de la quarantaine de propositions avancées.
Ce qui gêne ne tient pas au pouvoir qu’a l’exécutif de ne pas mettre en œuvre son contenu – c’est son droit le plus strict d’arbitrer et de rejeter les propositions faites, en fonction de ses priorités politiques. Mais plutôt que le comité des experts paraît n’avoir été qu’un pur objet de communication, ou, in fine, trop à contre-courant d’un gouvernement qui semble marquer le pas face à un trop-plein de « transformation ».
Rapport « Borloo »
Les experts sont-ils allés trop loin ? L’exécutif craint-il de renouveler la séquence désastreuse du rapport « Borloo » sur la politique de la ville, distribué par ses auteurs, et qui a mis dans l’embarras la présidence ? A moins que CAP 22 n’ait été qu’un leurre, une façon de détourner l’attention – une technique régulièrement utilisée. Le hic réside dans le fait que le gouvernement avait aussi beaucoup communiqué sur la consultation du public… qui risque de ne pas apprécier.
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