Avec en moyenne 32 % des Ă©quipements directs du bloc communal rĂ©alisĂ©s par une intercommunalitĂ©, le poids des groupements n’a cessĂ© de progresser. « Le flux entre les communes et les intercommunalitĂ©s reprĂ©sentait 1,5 milliard d’euros en 2016, soit 1,6 % des dĂ©penses de fonctionnement du bloc communal », a rappelĂ© Thomas Rougier, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’observatoire des finances locales.
La rĂ©forme fiscale prĂ©cipitĂ©e par la suppression totale de la taxe d’habitation (TH) pose ainsi de rĂ©els enjeux financiers, au bloc communal mais Ă©galement aux dĂ©partements qui pourraient cĂ©der leur part de taxe foncière sur les propriĂ©tĂ©s bâties (TFPB). « Il y a urgence Ă trouver une solution. Or il ne peut pas y avoir de rĂ©ponse gĂ©nĂ©rale qui consisterait Ă tout figer, alors que les relations entre communes et intercommunalitĂ©s sont Ă©volutives », dĂ©plore Philippe Laurent, maire de Sceaux et secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’AMF. De son cĂ´tĂ©, le vice-prĂ©sident de l’association et rapporteur de sa commission des finances, Antoine HomĂ©, redoute la perte du lien entre fiscalitĂ© et services locaux.
L’autonomie financière et fiscale en suspens
Car derrière la suppression de la TH, c’est l’autonomie fiscale et financière des collectivitĂ©s qui est en suspens. « L’autonomie fiscale est le pouvoir de taux et d’assiette des Ă©lus, alors que l’autonomie financière intègre une part des transferts de l’État. En tant que parlementaires, nous devons nous attacher Ă retrouver un Ă©quilibre entre les rĂ©alitĂ©s du terrain et la rĂ©alitĂ© nationale », note Christophe Jerretie, dĂ©putĂ© (LREM) de Corrèze, vice-prĂ©sident de la dĂ©lĂ©gation aux collectivitĂ©s territoriales et rapporteur de la « mission flash » sur l’autonomie financière des collectivitĂ©s. Premier vice-prĂ©sident dĂ©lĂ©guĂ© de l’AMF et prĂ©sident du CFL (ComitĂ© des finances locales), AndrĂ© Laignel a rappelĂ© que les deux structures s’Ă©taient positionnĂ©es en faveur d’une reconnaissance de l’autonomie fiscale des collectivitĂ©s territoriales.
Pour l’ensemble des intervenants, le dĂ©bat technique sur la compensation de TH ne doit d’ailleurs pas occulter le choix politique sur le devenir des collectivitĂ©s territoriale qui, sans autonomie fiscale et financière, ne jouiront plus d’une libre administration. « Ă€ l’horizon des trois ans, lorsque la suppression de TH sera totale, il n’y aura plus d’impĂ´ts, donc plus de dĂ©grèvement possible et donc plus aucune garantie constitutionnelle. Ce serait un tournant de la dĂ©centralisation », s’inquiète AndrĂ© Laignel.
AmĂ©liorer la dotation d’intercommunalitĂ©
InterrogĂ© sur la baisse de DGF de certaines communes, alors que le gouvernement s’Ă©tait engagĂ© Ă ne plus rĂ©duire les dotations, le directeur gĂ©nĂ©ral des collectivitĂ©s locales (DGCL), Bruno Delsol, a rappelĂ© la règle de redistribution des richesses avec la nouvelle carte de l’intercommunalitĂ©. « Or on ne peut pas regarder la richesse d’une commune sans regarder la richesse de l’intercommunalitĂ© qui prend en charge des services et des Ă©quipements bĂ©nĂ©ficiant aux habitants de la commune. Mais ce phĂ©nomène n’est pas appelĂ© Ă se reproduire », a-t-il expliquĂ©, disant entendre le besoin de lisibilitĂ© et de prĂ©visibilitĂ© revendiquĂ© par les Ă©lus locaux.
La dotation d’intercommunalitĂ© – aujourd’hui totalement grippĂ©e de l’aveu de tous les intervenants – a Ă©galement Ă©tĂ© abordĂ©e. Un groupe de travail du CFL devrait s’atteler Ă l’examen de pistes pour rĂ©nover son calcul dès la semaine prochaine. « Pour l’amĂ©liorer, il faut sortir des catĂ©gories juridiques auxquelles sont associĂ©es des enveloppes globales », a suggĂ©rĂ© Bruno Delsol.
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