Le rapport de Jean-Louis Borloo consacré à la relance de la politique de la ville, remis au Premier ministre le 26 avril, contient 19 programmes thématiques. Certaines propositions étaient attendues, d’autres sont plus originales. Surtout, le rapport est sous-tendu, du début à la fin, d’une critique de l’élite bureaucratique, d’un rejet du haut fonctionnariat, de ses méthodes et de son entre-soi.
Une obligation de moyens
La proposition de créer une « académie des leaders », équivalente de l’Ecole nationale d’administration, mais avec un recrutement sur des critères différents en vue d’initier « une nouvelle haute fonction publique, opérationnelle, mobile et polyvalente » parlera-t-elle à l’énarque Emmanuel Macron ?
L’avant-dernier programme, intitulé « Une cour d’équité territoriale », passé plutôt inaperçu, pourrait représenter le véritable bouleversement pour l’ensemble des politiques publiques s’il retenait l’attention du président de la République, lors de son intervention qui sera consacrée au sujet le 22 mai. Jean-Louis Borloo appelle en effet, en introduction de son rapport, à « un changement radical dans la conduite de l’action publique ».
Le SAV des hauts fonctionnaires
Jean-Louis Borloo propose que chaque responsable public – issu de l’Etat ou des collectivités – prouve, chiffres à l’appui, qu’il a mis en œuvre tous les moyens susceptibles de contribuer à réduire les inégalités d’accès aux services publics. Cette obligation pourrait être sanctionnée par une cour d’équité territoriale, présidée par le premier président de la Cour des comptes et chargée de vérifier la mise en œuvre des moyens de rééquilibrage des politiques publiques sur les territoires carencés.
Une façon de responsabiliser des hauts fonctionnaires qui naviguent de poste en poste, ou font des allers et retours entre le public et le privé, sans toujours assurer le service après-vente de mesures qu’ils ont contribué à mettre en place. Mais qui ne doit pas faire oublier, non plus, le rôle du politique dans la poursuite de l’action publique.