Pour obtenir l’application d’un accord sur la pénibilité signé en octobre dernier avec le patronat portuaire (1), les dockers et les conducteurs de grues et portiques du Grand port maritime de Marseille (GPMM) ont choisi d’employer les grands moyens.
Depuis début janvier, à l’appel de la CGT, ils bloquent le chargement et déchargement des porte-conteneurs, chaque semaine du vendredi au lundi inclus.
Ce mouvement intervient au moment où un rapport de la Cour des comptes remis le 14 janvier 2010 au secrétaire d’Etat au Transports, Thierry Mariani, pointe les conditions salariales très avantageuses (pour un temps de travail effectif de 12 à 14 heures) dont bénéficient les agents de la manutention portuaire marseillaise.
Le même rapport observe également que le port provençal n’a cessé de perdre des trafics depuis une vingtaine d’années, chutant de la 2ème à la 5ème place du palmarès européen.
Face à cette situation, les responsables économiques marseillais réclament à cor et à cri l’intervention de l’Etat.
Le président de l’antenne locale du Medef n’a d’ailleurs pas hésité à exiger la venue de Nicolas Sarkozy sur les quais de la Joliette pour débloquer le conflit.
De leur côté, si les collectivités locales déplorent à l’unisson l’impact de la grève sur l’économie phocéenne, leurs marges de manœuvre sont minces pour intervenir dans le bras de fer qui oppose un établissement public aux salariés d’entreprises privées.
Lors du conseil municipal du 7 janvier, le maire (UMP) Jean-Claude Gaudin a appelé à la « fermeté de l’Etat », estimant « incroyable qu’un groupuscule syndical puisse bloquer l’économie et les emplois ».
Un soutien inattendu – Quelques jours plus tôt, le premier adjoint avait été encore plus direct.
Roland Blum avait déclaré au cours d’une conférence de presse que « la CGT, c’est le cancer qui tue progressivement le port de Marseille » .
Face à cette escalade verbale, les grévistes ont reçu un soutien inattendu.
Le syndicat Force ouvrière Territoriaux de la ville et de la communauté urbaine de Marseille a publié un communiqué dénonçant « le rapport de la Cour des comptes et les propos inacceptables de certains élus contre le syndicat majoritaire (du Port) qui sonnent comme un mépris intolérable contre les salariés du port et leur légitime combat pour la satisfaction de leurs revendications ». FO Territoriaux ajoute qu’il mène « un combat similaire sur le plan de la préservation des acquis ».
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Notes
Note 01 Cet accord, que le gouvernement n’a toujours pas ratifié, prévoit d’avancer de quatre ans l’âge de la retraite pour les personnels concernés Retour au texte