C’était l’une des premières apparitions officielles de Nicolas Hulot, ministre de la Transition Ă©cologique et solidaire, et ce fut devant le public acquis Ă sa cause des 3e Assises nationales de l’économie circulaire, ce mardi 27 juin. Pas Ă©tonnant qu’il ait donc eu droit – Ă la diffĂ©rence des prĂ©cĂ©dents ministres de l’Ecologie – Ă une salve d’applaudissements. L’occasion pour le militant Ă©cologiste qu’il sera toujours, de se rappeler le chemin parcouru, de ce temps « oĂą on nous regardait comme des bĂŞtes curieuses quand on parlait d’économie circulaire », Ă aujourd’hui, oĂą ce concept « est en train de se dĂ©ployer et de changer de dimension ».
« Composer avec un monde fini de ressources »
« Il s’agit de passer d’une Ă©conomie de cow-boys Ă une Ă©conomie de cosmonautes, qui doit composer avec un monde fini de ressources », a expliquĂ© l’ancien animateur tĂ©lĂ© qui a conservĂ© son sens de la formule. « C’est le seul modèle qui va nous permettre de sortir de cette logique de gâchis », a-t-il ajoutĂ©, sans pour autant faire d’annonces tonitruantes de nouvelles mesures.
L’actualitĂ© du ministre, outre le premier bras de fer remportĂ© face au ministre de l’Agriculture sur les nĂ©onicotinoĂŻdes, c’est bien sĂ»r sa feuille de route en cours de prĂ©paration et qu’il a rendu Ă Edouard Philippe le 15 juin. « Évidemment, l’économie circulaire fera partie de la stratĂ©gie et des outils de cette feuille de route », a-t-il confirmĂ©. Pas un mot par contre sur le plan national pour le climat qui est Ă©galement en cours d’Ă©laboration et qui s’inscrit dans la dynamique lancĂ©e par le prĂ©sident Macron pour faire de la France l’un des pays de rĂ©fĂ©rence de la lutte contre le changement climatique, suite au trou d’air créé par la dĂ©mission du prĂ©sident amĂ©ricain sur ce terrain.
Une nouvelle filière REP pour les verres plats
Au rayon des quelques nouveautĂ©s annoncĂ©es par Nicolas Hulot, on peut nĂ©anmoins Ă©voquer une discussion en cours avec le ministre de l’Economie, Bruno Lemaire, pour venir en aide aux acteurs du recyclage des textiles. « Cette filière est en difficultĂ©. Il faut qu’on la soutienne financièrement et qu’on rĂ©flĂ©chisse Ă un modèle plus pĂ©renne », a expliquĂ© le ministre de la Transition Ă©cologique et solidaire.
Autre point qu’il a mentionnĂ© : la crĂ©ation d’une nouvelle filière pour les verres plats. « Nous signerons des engagements pour crĂ©er une filière de recyclage, avec des objectifs allant vers 40 Ă 50% alors qu’on ne recycle actuellement que 5% des verres plats. Il y aura notamment des clauses spĂ©cifiques dans les marchĂ©s publics », a-t-il prĂ©cisĂ©.
Revoir la fiscalité des déchets
Nicolas Hulot a Ă©galement citĂ© un travail en cours sur la fiscalitĂ© des dĂ©chets, avec les ministres Lemaire et Darmanin. « Il ne s’agit pas juste de crĂ©er une fiscalitĂ© additionnelle. Il faut une vision globale de la fiscalitĂ©. Elle doit servir Ă orienter les modes de production et de consommation mais n’a pas vocation Ă durer », a-t-il tenu Ă prĂ©ciser.
Un travail qui sera notamment nourri par les travaux de l’Ademe  sur le sujet, qui ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s par son prĂ©sident, Bruno LĂ©chevin : « Nous Ă©tudions par exemple les effets de l’augmentation de la TGAP sur  le stockage [des dĂ©chets], ceux d’une TVA rĂ©duite sur les activitĂ©s de rĂ©paration ou de la tarification incitative. Nous travaillons aussi sur de nouvelles incitations sur l’écoconception pour les industriels, pour favoriser l’allongement de la durĂ©e de vie des produits, en Ă©tendant l’écomodulation Ă toutes les filières REP et en les renforçant. »
Une Ă©tape charnière pour l’Ă©conomie circulaire
Lors de son discours d’ouverture des Assises de l’économie circulaire, le prĂ©sident de l’Ademe a soulignĂ© que cette 3e Ă©dition constituait « une Ă©tape charnière, car nous devons accĂ©lĂ©rer la mutation de notre modèle (…). Il ne s’agit pas seulement de recycler plus, mais d’engager une Ă©volution, pour ne pas dire une rĂ©volution, dans nos façons de produire et de consommer », a-t-il expliquĂ©.
L’occasion Ă©galement de saluer une bonne nouvelle : « DĂ©sormais, la transition vers une Ă©conomie circulaire fait partie intĂ©grante des agendas politiques, de notre lĂ©gislation, des stratĂ©gies de dĂ©veloppement des rĂ©gions, et plusieurs entreprises ont dĂ©jĂ pris leur propres engagements. Bien sur il reste beaucoup de chemin Ă parcourir. »
Les régions montent en compétence
Les rĂ©gions  étaient prĂ©sentes en force lors de cette manifestation, car la loi Notre a renforcĂ© leur rĂ´le en leur demandant de travailler Ă la fois Ă la planification en matière de gestion de dĂ©chets ainsi qu’à l’intĂ©gration de l’économie circulaire, qui est Ă la croisĂ©e des chemins de leurs compĂ©tences en dĂ©veloppement Ă©conomiques, gestion des dĂ©chets et formation. « C’est une opportunitĂ© de croissance, de dĂ©veloppement local et de crĂ©ation d’emplois non dĂ©localisables », leur a d’ailleurs rappelĂ© Bruno LĂ©chevin.
Les rĂ©gions sont donc tenues de dĂ©velopper des stratĂ©gies d’économie circulaire sur leurs territoires. « C’est une opportunitĂ© d’associer dĂ©veloppement Ă©conomique, innovation et lutte pour le climat. Il s’agit de crĂ©er une vĂ©ritable dynamique associant l’ensemble des acteurs du territoire », a dĂ©taillĂ© Bruno LĂ©chevin, reconnaissant que ce « changement dans les pratiques pose des questionnements ».
Huit régions ont d’ores et déjà signés des contrats d’objectifs régionaux pour l’économie circulaire (Codrec) avec l’Ademe, qui témoignent de leur montée en compétence, les cinq restantes prévoyant de le faire avant la fin de l’année.
Des labels économie circulaire pour les collectivités
Et pour les collectivitĂ©s, une nouvelle opportunitĂ© se dessine : l’Ademe, qui appuie dĂ©jĂ les plans et programmes de prĂ©vention ainsi que les territoires “zĂ©ro dĂ©chet zĂ©ro gaspillage” souhaite poursuivre cette dynamique en lançant Ă partir de janvier 2018 une expĂ©rimentation avec dix collectivitĂ©s volontaires pour mettre en place un label Ă©conomie circulaire. « Il s’agira d’accompagner la structuration et la mise en Ĺ“uvre de politiques Ă©nergie-climat-ressources intĂ©grĂ©es », a expliquĂ© Bruno LĂ©chevin.
Mais l’Ă©conomie circulaire n’implique pas que les acteurs publics, et le rĂ´le des acteurs privĂ©s a Ă©tĂ© soulignĂ© lors des premiers dĂ©bats, en pointant l’impact que pouvait avoir une meilleure gestion des ressources en terme de pression sur la ressource, d’économies Ă rĂ©aliser et de gains de compĂ©titivitĂ©.
Une expĂ©rience a notamment Ă©tĂ© menĂ©e avec 49 PME qui ont pu rĂ©aliser 60 000 euros d’économies sur un an en moyenne grâce Ă une meilleure gestion de leurs flux. « C’est 10 fois le coĂ»t du diagnostic initial. Si on gĂ©nĂ©ralisait cette opĂ©ration Ă toutes les PME françaises, ce serait plus d’un milliard d’euros qui serait Ă©conomisĂ© chaque annĂ©e, quel beau gain de compĂ©titivitĂ© », conclut Bruno LĂ©chĂ©vin, qui souhaite que cette opĂ©ration soit dĂ©veloppĂ©e Ă grande Ă©chelle.
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