« Faire de l’urbanisme transitoire, c’est profiter de l’opportunité d’un lieu inoccupé, pour y développer un projet, dans l’attente d’une mutation urbaine », explique Benoît Quignon, le directeur général de SNCF Immobilier, la filiale de la SNCF qui s’occupe de la valorisation du patrimoine, hormis celui des gares.
En 2016, les anciens entrepôts de la rue Ordener à Paris avaient été confiés à l’opérateur Ground control pour la période estivale. Au milieu d’anciennes locomotives, food trucks, jardins partagés, chaises longues, composaient un paysage hétéroclite et joyeux, dans l’attente du début des travaux d’un projet de construction de logements et de tertiaire.
Cette année, Ground control a investi les anciens entrepôts de tri postal de la rue du Charolais, mais pour une durée plus longue de trois ans. A l’issue de cette période, 600 logements et des locaux commerciaux devraient y être construits, dans le cadre d’un projet urbain partenarial qui va être signé avec la ville de Paris.
Créer le lien avec les riverains
« On s’inscrit dans une phase de transition entre un lieu devenu vacant très récemment, fermé jusqu’ici au public, et un nouveau quartier qu’on est en train de concevoir. Les contacts avec les riverains noués pendant cette période pourraient faire évoluer le projet », juge Benoît Quignon.
Pour lui, l’intérêt de l’opération est moins économique que dans le lien créé avec le quartier. Pour le moment, seuls les extérieurs sont occupés, avec un jardin partagé, des restaurants ambulants et buvettes, mais cet hiver, les halles accueilleront des ateliers d’artistes et lieux d’exposition ou de manifestations.
Des interventions d’artistes vont également ponctuer le temps d’occupation du site. Denis Legat, cofondateur de Ground control, estime que la durée longue du projet va permettre de développer l’aspect participation du public sur le site.
SNCF Immobilier a également signé une convention de 10 ans avec la ville de Paris, pour des occupations sur la « petite ceinture », par des activités autour de la nature, de la culture, dans un objectif de réversibilité : les anciennes voies ferrées pourraient à terme être réutilisés pour des projet de mobilité.
En province, SNCF immobilier compte également développer des projets avec la ville de Lyon. A Rouen, la halle Saint Sauvet a également été mise pour partie à disposition d’un collectif d’artistes de façon temporaire, avec là aussi l’installation de sites d’agriculture urbaine, l’organisation d’événements artistiques. La difficulté dans le montage de ces projets réside dans le fait d’arriver à s’intégrer à un environnement préexistant, et aux projets de la municipalité.
Pour chacun de ces sites, les contraintes sont particulières pour organiser la sécurité incendie, respecter les règles d’accessibilité, de désenfumage… « Chaque projet est coconstruit avec SNCF immobilier, l’opérateur, la ville. Nous avons développé un lien de confiance qui permet de débloquer les problèmes », résume Benoît Quignon.
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