Donner un coup de pouce aux salaires des fonctionnaires sans dévier de la trajectoire budgétaire. Le défi est de taille pour un gouvernement déjà chahuté par les manifestations contre le projet de loi « travail » et qui redoute de voir s’ouvrir un nouveau front de contestation. La ministre Annick Girardin a donc été priée d’éteindre l’incendie qui couve depuis six ans chez les agents, toutes fonctions publiques confondues.
Ponction
Presque un mois, jour pour jour, après son arrivée rue de Lille, la nouvelle ministre de la Fonction publique a annoncé, le 17 mars, avec tambours et trompettes le dégel du point d’indice, assurant aussitôt le service après-vente de cette bonne nouvelle sur le terrain comme sur les réseaux sociaux. Si Marylise Lebranchu avait réussi tant bien que mal à contenir la colère des syndicats en négociant grille par grille le protocole « parcours professionnels, carrières et rémunérations », l’histoire retiendra que c’est l’élue de Saint-Pierre-et-Miquelon qui a fini par lâcher du lest. Avec, en ligne de mire, l’élection présidentielle de 2017. Ce geste d’apaisement suffira-t-il à réconcilier les fonctionnaires avec la gauche ? On peut en douter… La générosité gouvernementale se traduira, en effet, par une ponction de 648 millions d’euros dans le budget annuel des collectivités et par une hausse de 14 à 22 euros dans le porte-monnaie des agents !
Soufflé
Passé l’effet d’annonce, le soufflé est aussitôt retombé. Les associations d’élus, tout en reconnaissant le bien-fondé d’une revalorisation salariale de leurs agents, s’interrogent sur le peu de marges de manœuvre des collectivités et appellent de nouveau à la réévaluation de la dotation globale de fonctionnement. Les centrales syndicales se montrent également sceptiques quant à la portée véritable de cette légère hausse indiciaire et poussent déjà la ministre dans ses retranchements. Un printemps chaud après le dégel ? La logique météorologique pourrait s’appliquer à la fonction publique…
Thèmes abordés