La censure du Conseil Constitutionnel de l’amendement destiné à écarter NKM du conseil de la métropole du Grand Paris (MGP) n’y change rien. Anne Hidalgo (PS) ne veut toujours pas entendre parler de sa rivale à la tête du groupement urbain qui verra le jour au 1er janvier 2016.
« Si la présidence n’échappe pas à des visées politiciennes de petit acabit, il n’y aura pas de métropole. Elle ne verra pas le jour », a indiqué, très ferme, Pierre Mansat, le conseiller « métropole » d’Anne Hidalgo lors de la conférence organisée le 17 septembre par La Gazette.
Contre attente, Patrick Devedjian (LR) a saisi la balle au bond. « Pierre Mansat a raison. La présidence doit être coopérative », a approuvé le coprésident de la mission de préfiguration qui, en tant que président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, ne peut prétendre au poste. Patrick Devedjian avait pourtant, six jours plus tôt, jugé la candidature de Nathalie Kosciusko-Morizet « légitime »…
En attendant les régionales
François Lucas, directeur de la mission de préfiguration, s’est félicité de ce consensus naissant. « Sans un fonctionnement coopératif inspiré de ce qui se passe à Paris Métropole (NDLR : syndicat mixte du cœur de l’agglomération), il n’y a pas de métropole », a-t-il, à son tour, martelé.
La messe est-elle dite pour autant ? Nathalie Koscisuko-Morizet continue de mener campagne auprès des figures du syndicat mixte Paris Métropole. Il se murmure aussi, chez les Républicains, que Nicolas Sarkozy serait prêt à appuyer sa candidature en l’échange de son retrait de la primaire pour la présidentielle.
Une seule certitude à ce stade : l’opposition, largement majoritaire depuis les municipales de mars 2014 parmi les 131 communes du futur ensemble urbain, prendra les rênes de la métropole.
Mais son choix dépendra grandement du résultat des régionales. Valérie Pécresse (LR), si elle rafle la mise les 6 et 13 décembre, aura à cœur de réduire la métropole à la portion congrue. Pas question pour elle d’y installer un poids lourd. Valérie Pécresse et les siens pourraient, alors, favoriser une présidence technique.
La piste Carrez
Pour ce scénario, un nom circule avec insistance : celui du président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Gilles Carrez (LR). A l’heure où la question financière (Etalement du FPIC, lissage des taux de CFE…) empoisonne le lancement de la métropole, cet éminent spécialiste apparaît comme la personnalité idoine. Ex-président du Comité des finances locales, Gilles Carrez n’ignore rien des flux financiers entre la métropole du Grand Paris, les 12 futurs établissements publics territoriaux et les communes.
Mais veut-il du job ? La présidence de la MGP exigera aussi un sens du compromis à toute épreuve. A 67 ans, l’ancien pensionnaire de l’ENA Gilles Carrez est davantage réputé pour sa compétence technique que pour son habileté politique. Il ne s’est d’ailleurs pas (encore ?) déclaré.
Dans ces conditions, le jeu apparaît ouvert. Après avoir échoué l’an dernier à conquérir la présidence de Paris Métropole, le député-maire (LR) de Rueil-Malmaison Patrick Ollier n’a peut-être pas dit son dernier mot.
Par ailleurs, deux anciens présidents LR et UDI du syndicat mixte sont sur les rangs. Il s’agit des maires de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) et de Sceaux (Hauts-de-Seine). Jacques JP Martin et Philippe Laurent ont formé un ticket. Leur créneau : la République des maires, rempart contre les oukases des appareils politiques.
Enthousiasme mesuré à trois mois du lancement
« Ce n’est pas gagné » : lors de la conférence organisée le 17 septembre par La Gazette, Marylise Lebranchu n’a pas masqué ses doutes sur la métropole du Grand Paris. « Ce n’est pas à la hauteur de ce que l’on pouvait imaginer les uns et les autres », a également glissé la ministre de la Décentralisation qui, au cœur de l’été 2013, avait donné son feu vert à un groupement urbain doté de pouvoirs beaucoup plus larges. Mais pour elle, l’essentiel est sauf : comme prévu, la métropole verra le jour au 1er janvier 2016. Patrick Devedjian (LR), coprésident de la mission de préfiguration, voit, lui, le verre à moitié vide. Selon lui, la MGP ne peut être réduite à Paris et aux trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne). « Le bon périmètre, c’est la région », a glissé le député (LR) des Hauts-de-Seine, mettant en garde contre le risque que ne se crée « une nouvelle banlieue » constitué des territoires relégués aux franges de la métropole. « Ce qui correspond au Grand Londres, ce n’est pas les quatre départements. En termes de PIB, d’emploi et de recherche et développement, c’est la région », l’a approuvé le député (PS) des Hauts-de-Seine, Alexis Bachelay. Un revirement : l’élu de Colombes était, à l’origine, partisan de la métropole centrée sur la petite couronne.
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