Représentants de l’aile modérée des Républicains, sans pour autant être hostiles à Nicolas Sarkozy, François Baroin et Dominique Bussereau se connaissent bien. Tous deux entrés en 1993 à l’Assemblée nationale, ils ont siégé ensemble au sein du gouvernement « Fillon ». Les circonstances veulent, aussi, qu’à quelques mois d’écart, les deux parlementaires aient été portés à la tête de deux grands rassemblements d’élus locaux : l’Association des maires de France et l’Assemblée des départements de France.
Symboles d’une opposition qui, avec ses succès électoraux de 2014 et 2015, reprend la main sur les territoires, François Baroin et Dominique Bussereau ne ménagent guère le gouvernement. Leur rencontre du 1er juillet, a été, pour eux, l’occasion de dire tout le mal que leur inspirent les desseins financiers et territoriaux de l’exécutif.
Des causes communes
Dans un communiqué, publié au lendemain de leur entrevue, ils s’en prennent à la baisse « unilatérale » et « insoutenable » de 30 % des dotations aux collectivités. Une décision lourde de conséquences à leurs yeux. Les leaders de l’AMF et de l’ADF parlent de « la suppression de dizaines de milliers d’emplois dans les territoires » et de départements qui « ne pourront plus financer les prestations sociales transférées ». Afin de conjurer le risque « d’asphyxie », François Baroin et Dominique Bussereau réclament une « véritable négociation » avec le pouvoir.
Dans une veine que n’auraient pas reniée les présidents d’associations d’élus PS sous le mandat de Nicolas Sarkozy, les deux leaders s’en prennent également aux « changements permanents de cap » en matière d’organisation territoriale.
Dans le viseur des représentants des « collectivités de proximité » : le seuil « artificiel » de 20 000 habitants pour les intercommunalités et l’élection au suffrage universel sans fléchage de ces mêmes groupements. François Baroin et Dominique Bussereau s’attaquent, enfin, aux « volumineux » schémas régionaux.
Statu quo
Une unité de vue qui ne doit rien aux hasards. Face à un gouvernement plutôt acquis aux vertus du couple intercommunalité-région, des maires et présidents de département de droite sont entrés en résistance. Et ils entendent fermer la porte à toute nouvelle réforme territoriale d’envergure, y compris si leur candidat l’emportait en 2017.
Déjà, dans un entretien en février à La Gazette, François Baroin s’en est pris au « grand chamboule-tout territorial » qui « participe à la perte d’identité ».
Dominique Bussereau n’a pas tenu un autre discours, lors d’un point-presse le 24 juin. Révision du mode de scrutin des conseillers départementaux, retour du conseiller territorial, France à 50 départements… : il a écarté toutes ces pistes d’un revers de main. Autant de prises de position qui font directement écho aux propos du président du Sénat, Gérard Larcher (LR), rapporté dans Le Point (daté du 18 juin) : « Si nous revenons au pouvoir, on ne touche à rien. Les réformes territoriales, ça suffit ! »
Lire aussi : Présidence de l’ADF : Dominique Bussereau sur la voie royale
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