« C’est dans les villes que se trouvent à la fois les pollutions et les solutions », a déclaré Michael Bloomberg, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour les villes et le climat, le 30 juin à la mairie de Paris. L’ancien maire de New-York (2002-2013) y présentait, aux côtés d’Anne Hidalgo, le Sommet des élus locaux pour le climat qu’accueillera l’Hôtel de ville parisien, le 4 décembre prochain – pendant que les États tiendront la 21ème conférence des Nations unis sur le climat (COP 21) au Bourget.
De l’audace
« Parce que les villes et les zones urbaines abritent la majorité de la population mondiale et contribuent à 70 % des émissions de gaz carbonique de la planète, notre contribution est essentielle à la réussite de la COP 21, écrivent Anne Hidalgo et Michael Bloomberg dans une tribune publiée, le 30 juin, par le Figaro. Le Sommet des villes et exécutifs locaux à Paris sera l’occasion de renforcer nos engagements. »
Selon les cosignataires, « plus les nations donneront le pouvoir d’agir à leurs villes, plus celles-ci feront preuve d’audace. Les villes qui ont la responsabilité d’élaborer des normes énergétiques, par exemple, obtiennent des résultats trois fois supérieurs aux villes qui sont dépourvues de cette compétence. » Ils considèrent, en outre, que « l’autonomie en matière fiscale est un facteur clé de succès ».
Du bon sens
Intervenant à l’Hôtel de ville de Paris après avoir été reçu à l’Élysée, Michael Bloomberg a mis en avant les résultats engrangés par les acteurs locaux : « En quinze ans, la baisse des émissions de gaz à effet de serre dans les villes du monde a été équivalente à celle des États-Unis et des 28 membres de l’Union européenne confondus. Lutter contre le changement climatique n’est pas un sujet douloureux mais une question de bon sens. Les gens veulent respirer un air sain, boire une eau propre et vivre longtemps », a affirmé l’ancien élu et homme d’affaires, aujourd’hui à la tête de la fondation Bloomberg Philanthropies.
Le mécène est également l’une des chevilles ouvrières du Pacte des maires, créé en septembre 2014 sous l’égide des Nations-Unies et avec l’appui de trois réseaux mondiaux de collectivités((Cités et gouvernements locaux unis, CGLU ; le Conseil international pour les initiatives écologiques locales, ICLEI ; le Cities Climate Leadership Group, C40.)). A ce titre, il a invité à un large rassemblement autour du Pacte. « Il ne s’agit pas de dire ‘je fais si tu fais’ mais d’aller ensemble dans la même direction. Toutes les villes doivent se sentir en charge d’une partie du problème et rendre plus efficients les bâtiments, les transports, la gestion des déchets. »
De la détermination
« Les maires agissent sur le concret et échangent les bonnes pratiques, a fait écho Anne Hidalgo. Ils ont un pouvoir réel et sont pleinement conscients de la nécessité d’agir rapidement. Il leur incombe la responsabilité majeure de mener la transition écologique et énergétique, pour les administrés et les générations futures. Les élus locaux sont prêts à avancer leurs solutions et leurs ambitions pour rapidement changer la donne. »
La déclaration issue du Sommet des maires du 4 décembre sera présentée aux délégations officielles négociant une future « alliance pour le climat » à la COP 21. Pour la maire de Paris, « les solutions techniques sont là, après les impressionnantes mutations issues des entreprises ces dernières années. La volonté politique, nous l’avons et elle est partagée par le président de la République et le ministre des Affaires étrangères : notre initiative leur sera utile dans la pression diplomatique. Nous sommes déterminés à nous faire entendre. Les maires ne veulent pas être les spectateurs passifs d’une situation qui ne peut plus durer ».
Hollande veut que les collectivités locales aient toute leur place dans la COP21
Le Président de la République a souhaité mardi 30 juin que les collectivités locales, qui conduisent de nombreux projets de développement à l’international, aient toute leur place dans la conférence sur le climat, qui se tiendra à la fin de l’année à Paris.
» Aujourd’hui, c’est autour des enjeux de l’environnement, du développement durable, que la solidarité s’est déployée « , a-t-il souligné devant les participants au 6e Forum de l’action internationale des collectivités, à Paris.
» Les collectivités locales auront leur place dans la conférence sur le climat « , a-t-il affirmé, rappelant que » des rassemblements d’élus « , notamment la réunion de 1 000 maires, étaient déjà programmés. » Je souhaite que ce ne soit pas une conférence ‘de plus’, mais qu’elle s’intègre pleinement à la conférence sur le climat « , a-t-il dit.
M. Hollande a par ailleurs affirmé sa » conviction » que les États devraient » essayer d’avoir un accord avant la conférence » de décembre sur la réduction des gaz à effet de serre.
Le chef de l’État intervenait devant ce rendez-vous annuel de l’action internationale des collectivités territoriales, qui réunit quelque 1 500 participants. » Il n’y a pas que l’État qui a une politique à l’échelle du monde « , a-t-il déclaré, soulignant le rôle des collectivités par le biais de projets de coopération dans les domaines du développement, mais aussi universitaires ou culturels.
Par l’AFP – dch/mat/er
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La diplomatie des territoires au service de la COP 21
Sommaire du dossier
- Sommet de Lyon : la mobilisation des territoires devra contaminer les Etats
- Les villes comptent bien « se faire entendre des États » à la Conférence sur le climat
- COP 21 : l’Union internationale des parlementaires mettra la pression sur les Etats
- « Sans les collectivités, tout accord climatique serait un vœu pieu »
- 31 villes d’Europe s’engagent pour une « commande publique bas carbone »
- COP 21 : les collectivités territoriales ne comptent pas œuvrer en coulisses
- Forum mondial de Daegu : les acteurs de l’eau veulent en faire un thème majeur de la Cop 21