Le Sénat examine, le 9 juillet en seconde lecture, le projet de loi sur la transition énergétique. L’occasion de réintroduire une disposition supprimée par l’Assemblée : la possibilité, pour les petites îles, de choisir un opérateur afin de quitter progressivement la production d’électricité au fioul et développer enfin les énergies renouvelables et les économies d’énergie. Fermer la porte à un cap vers le « 100 % énergies renouvelables » pour ces petits territoires serait un bien mauvais signal en ce qui concerne les ambitions de la transition énergétique à l’échelle nationale.
Les petites îles, notamment les zones non interconnectées de moins de 2 000 clients pour l’électricité, sont de formidables terrains de démonstration de la mise en œuvre de la transition énergétique. Actuellement, la production d’électricité à partir de fioul est polluante et coûteuse (450 000 euros par an pour l’île de Sein). Se diriger vers une production à 100 % renouvelable serait d’abord l’occasion d’encourager la rénovation énergétique des logements pour réduire la pointe de consommation liée au chauffage en hiver, mais aussi pour gagner en confort.
Si le solaire permettra de répondre à une grande partie des besoins en été, au moment où la population de l’île est la plus nombreuse, un complément avec de l’éolien et une hydrolienne pourra être envisagé pour les autres saisons. Afin de mieux caler les consommations sur les périodes de production, un pilotage de la demande peut être mis en place. Ainsi, les chauffe-eau ne fonctionneront pas systématiquement la nuit, mais au moment où la production d’électricité est la plus élevée.
Les petites îles seront ainsi de formidables terrains d’innovation et de démonstration d’une gestion intelligente des réseaux et de la demande en électricité. Conçues comme de vrais projets de territoires, avec et pour les habitants, ces transitions permettront de s’orienter vers un modèle énergétique plus sobre, plus économique et moins polluant. Les habitants de l’île de Sein souhaitent mettre à profit les ressources naturelles largement disponibles (vent, mer, soleil…) et devenir, comme d’autres îles à l’étranger, des territoires à 100 % énergies renouvelables. Le Sénat entendra-t-il leur appel ?
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