François Hollande a annoncé le 16 décembre à Lens que 150 millions d’euros d’aides de l’Anru sont prévues pour « préserver l’identité du Bassin Minier ». Cette somme sera répartie à 60% environ sur les 4 projets d’intérêt national, puis sur les projets d’intérêt régional déjà fléchés et enfin sur des projets régionaux non encore fléchés qui feront la part belle aux cités minières.
Lire : Renouvellement urbain : 5 milliards pour poursuivre la rénovation des quartiers
Une convention unique « Bassin Minier » intègrera toutes ces opérations concernant de l’habitat vertical, des maisons de villes, des petits collectifs et, ce qui est la marque de fabrique de cette génération de renouvellement urbain : des cités minières.
Quelque 500 millions de travaux devraient ainsi être générés.
Le classement Unesco en cheval de Troie – Alors que seule une petite cité de Pecquencourt avait pu se glisser dans l’Anru 1, la recomposition urbaine des cités minières est donc à l’honneur à travers l’inscription d’une cité (le 12/14 de Lens) de 4000 habitants dans les 25 quartiers prioritaires à l’échelle nationale et la mobilisation d’une partie de l’enveloppe bassin minier pour permettre à d’autres cités de conjuguer recompositions urbaines, réhabilitations thermiques et, le cas échéant, enjeux patrimoniaux liés à l’Unesco.
« Dès l’inscription du Bassin Minier au patrimoine mondial de l’Unesco en 2012, nous avons saisi les services de l’Etat : nous pensions que l’Etat avait un devoir moral d’accompagner cette inscription. Car la réhabilitation patrimoniale des logements miniers entraine des surcouts, notamment au niveau des façades », explique Jean-François Caron, vice président de la Mission Bassin Minier et maire de Loos en Gohelle.
Les 124 cités minières inscrites à l’Unesco représentent 24.000 logements sur un parc de 70.000. « L’Unesco a été un cheval de Troie, la porte d’entrée qui nous a permis de démontrer plus globalement l’intérêt, les enjeux et la spécificité de tout l’habitat minier », souligne Raphael Alessandri, architecte à la Mission Bassin Minier, l’outil d’ingénierie du territoire qui a permis aux élus d’étayer leurs arguments.
Il a fallu aussi convaincre l’Anru que les dysfonctionnements urbains n’étaient pas l’apanage des quartiers verticaux.
La cité du 12/14 au cœur de la ville de Lens est donc la seule cité minière retenue dans les quartiers prioritaires d’envergure nationale. La ville, l’agglomération et Soginorpa, le bailleur, se sont s’appuyé sur une étude du cabinet Pattou-Tandem, avec l’équipe Desvigne-Portzamparc, chargée du schéma urbain Euralens.Ils vont proposer un vaste projet de recomposition urbaine de cet ensemble d’un millier de logements.
Il coutera quelque 157 millions d’euros avec 65 millions d’euros pour les démolitions et les reconstructions neuves (environ 550), 50 millions pour 450 réhabilitations, 10 millions pour la rénovation d’équipements publics et 31 millions d’euros pour la restructuration des voiries. Ici comme dans les quartiers verticaux, il s’agit de désenclaver en créant en l’occurrence des liaisons est-ouest.
Appel à projets – Au-delà de ce navire amiral, François Hollande a donc donné son feu vert pour que d’autres cités minières bénéficient de crédits spécifiques pour conjuguer enjeux urbains, thermiques et patrimoniaux.
L’Anru devrait lancer une sorte d’appel à projet pour identifier les quartiers qui seront retenus. « Nous avons une dizaine de cités minières susceptibles d’intéresser l’Anru sous l’angle de la recomposition urbaine » indique Dominique Soyer directeur général de Maisons et Cités-Soginorpa, le principal bailleur.
« L’Anru ne s’intéresse pas particulièrement à l’Unesco, mais nous leur montrerons que sur les cités Unesco, nous avons une problématique thermique très lourde et des logements souvent mal configurés, des petites maisons avec des pièces imbriquées. Nous ne pouvons pas les démolir à cause de l’Unesco, mais leur recomposition implique des couts de réhabilitations de l’ordre de 100.000 euros, pas très loin de ceux d’une construction neuve (140.000 euros) » explique-t-il.
Les deux bailleurs (Soginorpa et SIA) ont mené des études approfondies sur leur parc sur le volet social, patrimonial et urbain. Mais les interlocuteurs de l’Anru seront d’abord les agglomérations.
Valenciennes Métropole a pris un sérieux temps d’avance en décidant dès l’automne 2013 une étude sur les 60 cités minières et ouvrières (4000 logements) de son territoire qui a été confiée à Espacité (mandataire) et au grand prix de l’urbanisme, François Grether.
Les autres agglomérations concernées (Portes du Hainaut, Lens-Liévin, Hénin-Carvin ou Artois Comm) envisagent seulement maintenant le lancement de telles études.
Cet article est en relation avec le dossier
Thèmes abordés
Régions