La droite a inventé la compétitivité des territoires, la gauche l’égalité des territoires. Autant de slogans sans lendemain. Autant de paravents pour masquer une triste réalité : les gouvernements qui se sont succédé depuis près de vingt ans ont abandonné toute politique cohérente d’aménagement du territoire.
Le coup de grâce a été porté ce printemps avec la disparition de la Datar. Pour résorber la fracture, béante, entre les métropoles et la France périphérique, il ne reste plus qu’un fantomatique Commissariat général à l’égalité des territoires.
Privé de boussole, le pouvoir tâtonne. Le gouvernement ne sait par quel bout prendre les conseils généraux. Un jour, il les raye de la carte. Le lendemain, il les transforme principalement en fédérations d’intercommunalités. Le surlendemain, il les maintient en grande partie. En attendant le prochain épisode…
Régions hors sol – Le département n’est-il pas, pourtant, le creuset de la République ? En dehors des grandes villes, ses représentants, désignés au scrutin majoritaire, peuvent faire étalage d’un certain enracinement. Difficile d’en dire autant des élus appelés à siéger dans les régions « XXL ». Purs produits, pour la plupart, des partis et du scrutin de liste, ils manqueront d’implantation. Leur sort dépendra, avant tout, des aléas de la vie politique nationale. Une fois en place, pourront-ils empêcher la concentration de l’emploi public et de l’activité dans les capitales régionales ? Sauront-ils œuvrer en bonne intelligence avec les conseils généraux ? Il est permis d’en douter.
Résurrection – Afin d’offrir un ancrage aux « super-régions » et, surtout, de garantir un aménagement équilibré du territoire, une solution existe. Imaginé sous la mandature précédente, le conseiller territorial avait vocation à siéger dans les assemblées départementale et régionale. Cet élu d’un genre nouveau, désigné au scrutin majoritaire, était un facteur d’harmonisation entre échelons. Son instauration ne réclamait aucune révision constitutionnelle.
A l’instar des actuelles communes nouvelles, il réduisait le millefeuille sans renverser la table. Après l’avoir éradiqué, l’exécutif a sérieusement songé, en mai dernier, à le ressusciter.
Devant la bronca annoncée de son camp, il n’a pas osé franchir le Rubicon. Résultat, il se retrouve aujourd’hui pris en tenailles entre des présidents de conseil général remontés comme des pendules et un Front national aux portes du pouvoir régional.