C’est à un fantassin de premier rang du Gouvernement que les hauts-normands ont eu droit lors des assises de la décentralisation qui se sont déroulées le 6 décembre à Rouen (Seine-Maritime). En l’occurrence Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur, qui s’est montré résolument offensif, optimiste et rassurant devant les quelque 1 700 personnes réunies pour l’événement. Ainsi le mnistre a-t-il présenté la future décentralisation comme « le meilleur vecteur pour débloquer la France en évitant la dramatisation française qui accompagne tout changement ». Après avoir assuré « qu’il n’y aura pas de grand soir des collectivités territoriales face à l’Etat, ce qui serait la négation de l’histoire de France, ni de chasse aux féodalités locales, qui certes présentent des défauts mais aussi une qualité, celle d’être élues », il a insisté pour faire partager sa confiance : « l’expérimentation qui permettrait aux collectivités de se voir confier une compétence nouvelle ne doit susciter aucune crainte. En cas d’échec, on reviendra en arrière et ce n’est pas grave ».
Des propos qui n’ont sans doute pas convaincu tout l’auditoire. Notamment certains élus, déjà sceptiques lors des ateliers préparatoires à ces Assises, organisés avec différents représentants de la société civile. Des rendez-vous d’où ne sont ressortis que deux points consensuels exprimés le 6 décembre : le souci de donner aux expérimentations un cadre bien défini (nombre et durée limités, évaluation obligatoire), et le souhait que toute nouvelle responsabilité soit assortie des moyens financiers correspondants. Aussi ces élus ont-ils demandé que des audits préalables fixent avec objectivité les masses financières allouées par l’Etat. Une question anticipée par le ministre de l’Intérieur qui a insisté dans son discours sur la nouveauté que constituera le principe constitutionnel d’un transfert des recettes et de la péréquation. Enfin, évoquant, en se gardant bien de la citer, la réunification des deux Normandie, un sujet qui fâche nombre de ténors régionaux de la politique, il a souligné « qu’il sera également possible d’expérimenter des institutions et qu’ici comme ailleurs, l’Etat ne s’opposera pas à une position unanime ».
Patrick Bottois
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