« Mon entreprise n’a pas renouvelé mon contrat car le conseil général de Saône-et-Loire a décidé de ne plus investir sur les routes. » C’est ce que les Bourguignons peuvent lire dans leurs journaux où la Fédération régionale des travaux publics (FRTP) a réservé des espaces (une demi-page), par lesquels elle entend interpeller les élus. Le moment y est propice alors que les collectivités élaborent leur budget 2010.
L’initiative, unique en France dans les travaux publics, montre l’inquiétude de la profession, sur le territoire bourguignon. « L’activité est assurée jusqu’à fin 2009 mais, pour 2010, les carnets de commande sont vides », constate Matthieu Jacotot, le secrétaire général de la FRTP. Les travaux publics comptent 8.000 salariés, dans quelque 400 entreprises régionales, dont l’emploi serait menacé si la commande publique (75% de l’activité des TP) venait à fléchir, comme ce fut le cas en Saône-et-Loire, en 2009. Dans ce département, « le Conseil général a annulé les investissements routiers (soit 22 millions d’euros) », rappelle le président de la FRTP, Francis Pennequin. « Vingt-deux millions d’euros, ce sont 300 emplois derrière », souligne-t-il encore.
Arnaud Montebourg, président du Conseil général, se défend de son côté d’avoir détruit de l’emploi. « S’il est vrai que les crédits consacrés aux travaux routiers ont diminué ( ) cette année, il n’en demeure pas moins que, globalement, et lorsqu’on considère l’ensemble des autres chantiers menés par ou avec l’aide du Département, le soutien à l’investissement public est jusqu’ici préservé », dit-il. En 2009, le Département a inscrit, au budget prévisionnel, près de 125 millions d’euros de crédits de travaux. « Un effort historique », précise Arnaud Montebourg, lié à l’obligation faite aux collectivités de renforcer les investissements pour bénéficier du remboursement anticipé du fonds de compensation de la TVA (FCTVA).
Le président du Conseil général s’interroge néanmoins sur l’avenir, alors que les collectivités vont être privées d’une part de leurs ressources, avec la réforme de la fiscalité locale. « Le cadeau du président de la République, accordé au Medef par la suppression de la taxe professionnelle, est une véritable balle dans le pied pour les entreprises des travaux publics qui verront par voie de conséquence le nombre des commandes publiques dans les territoires fondre comme neige au soleil », prédit-il.
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