La décentralisation est à un point de rupture, celui de nos capacités financières à garantir un fonctionnement satisfaisant aux conditions actuelles d’organisation territoriale.
A trop musarder entre concertations qui n’en finissent pas et inflation des transferts de compétences, sans refonte du système actuel, notre République risque de générer une « démocratie de services » ; un pur produit de consommation, que la baisse de participation citoyenne lors des élections cantonales révèle déjà .
En dépit de la modernisation que l’action décentralisatrice des élus locaux a permis à la France des territoires, notre pays a besoin de s’adapter à un nouvel environnement, fait de concurrence internationale sur fond de crise économique, fragilisant chaque jour le modèle social, dont nous sommes si fiers.
Clarifier les compĂ©tences – Les structures se sont superposĂ©es, sans parvenir Ă bien se coordonner entre elles au cours des annĂ©es, crĂ©ant un millefeuille administratif. La clarification des compĂ©tences est devenue nĂ©cessaire, non seulement entre collectivitĂ©s mais aussi entre l’Etat les collectivitĂ©s.
L’Etat doit se réformer lui-même en profondeur. Une meilleure mutualisation des moyens et des économies sont attendues par nos concitoyens.
La réforme des finances locales est réclamée par l’ensemble des élus locaux depuis longtemps sans que personne ne parvienne à la mettre en place.
Aujourd’hui et plus que jamais, nous sommes à la croisée des chemins. Qu’attendons-nous réellement de la décentralisation ?
Le bouleversement de situations acquises, la capacité d’adaptation et d’efficience de nos collectivités à répondre aux enjeux d’avenir ou un nouvel acte décentralisateur qui entraînera, comme à chaque fois, des charges supplémentaires pour les départements ?
CohĂ©rence – L’Ă©volution de l’architecture du pouvoir local dĂ©centralisĂ© se rĂ©vèle essentielle pour assurer la soutenabilitĂ© de nos finances locales.
La loi du 16 décembre 2010 reste un repère. En effet, sa grande originalité réside dans l’optimisation conjointe du système institutionnel local et du système financier local, alors qu’en 30 ans de décentralisation, la politique française avait toujours séparé réforme institutionnelle et réforme financière, sources de bien des dysfonctionnements.
Si je n’ai pas toujours été d’accord avec toutes les dispositions de cette loi, je lui reconnais une cohérence par rapport aux objectifs poursuivis de réduction du déficit public, notamment en s’attaquant à certains doublons et dépenses excessives.
Alors qu’une énième phase de concertation avec les Etats généraux de la démocratie locale se prépare, en vue d’un Acte III de la décentralisation, je mets en garde le gouvernement qui proposerait une stratégie de contournement, dans l’espoir de trouver, comme dans le passé, quelques expédients temporaires, quelques ressources supplémentaires.
Concilier dynamiques territoriales et fonctionnelles – L’urgence consiste d’une part Ă retrouver un Ă©quilibre des finances publiques dans un effort partagĂ© de l’Etat avec l’ensemble des collectivitĂ©s locales et d’autre part Ă concilier dynamiques territoriales et dynamiques fonctionnelles.
Instant de vĂ©ritĂ© pour les dĂ©partements, je dĂ©fendrai le moment venu une clarification des compĂ©tences associĂ©es au maintien d’une vĂ©ritable capacitĂ© d’initiative locale et Ă une logique de bloc pour Ă©viter les doublons, un dĂ©bat au niveau des dĂ©penses sociales, de ce qui relève de la solidaritĂ© nationale et de l’assurance, l’élargissement de la première journĂ©e de solidaritĂ© Ă l’ensemble des actifs et la crĂ©ation d’une seconde journĂ©e de solidaritĂ©, applicable Ă tous, la recentralisation de certaines compĂ©tences, comme la sĂ©curitĂ© publique (Sdis), et un scrutin qui assure une reprĂ©sentation des territoires.
Le moment venu, je m’exprimerai contre l’introduction de scrutin proportionnel, ailleurs qu’en milieu urbain et contre l’obligation de fusion des mĂ©tropoles avec des conseils gĂ©nĂ©raux et des grandes communautĂ©s urbaines.
Si choisir se révèle toujours difficile, au regard des valeurs de proximité et de solidarité portées par nos conseils généraux, le président que je suis reste convaincu que le maintien du statu quo serait irresponsable.
A n’en pas douter, les épreuves rendront aux collectivités les vertus que la prospérité leur enlève.
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