Trois mois après avoir annoncé le lancement d’un «plan national d’équipement» destiné à tripler le nombre de caméras en France, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a installé le 8 novembre auprès d’elle la Commission nationale de la vidéosurveillance. Cette nouvelle Commission, créée en mai dernier, compte vingt membres et est présidée par Alain Bauer, actuel président de l’Observatoire national de la délinquance (OND).Des élus de la majorité et de l’opposition, des juristes, des représentants de la police, de la gendarmerie ou des transports publics y participent.
A cette occasion, la ministre a préféré parler de «vidéo-protection» plutôt que de vidéosurveillance. Ella confirmé sa volonté de « tripler, en deux ans, le nombre de caméras sur la voie publique afin de passer de 20.000 à 60.000 ». Elle a également souhaité la connexion de ces caméras avec les services de police et de gendarmerie. A l’heure actuelle, sur 260 communes équipées d’un dispositif de vidéosurveillance en zone de police, seules 53 ont organisé un tel transfert d’images, mais 21 autres sont prêtes à les rejoindre, a-t-on précisé au ministère de l’Intérieur. Cela se fera « dans le cadre de l’autonomie des communes », a assuré le ministre, mais l’Etat est prêt à « les aider » financièrement, a-t-elle ajouté.
L’une des attributions de cette commission nationale consistera notamment à préserver « l’équilibre entre liberté d’aller et de venir, liberté de retrouver ses agresseurs ou de ne pas être agressés », a estimé Alain Bauer. Selon lui, « cet équilibre a été défini par la déclaration de l’Homme et du citoyen: liberté, propriété, résistance à l’oppression, sûreté, on est tout à fait dans cet esprit là », a-t-il assuré. Parallèlement à cette Commission nationale, un Comité de pilotage stratégique, sera chargé « de concevoir, d’impulser et de proposer des décisions ». Le secrétariat général du Comité interministériel de prévention de la délinquance, dirigé par le préfet Hervé Masurel, aura, pour sa part, «un rôle majeur de mise en oeuvre », en assurant « l’ingénierie administrative et financière de la politique choisie». Le Fonds interministériel de prévention de la délinquance sera sollicité à cet effet.
D’après un sondage Ipsos, commandé par le ministère de l’Intérieur, 78% des Français se déclarent favorables au développement de la vidéosurveillance dans les lieux publics pour lutter contre le terrorisme et l’insécurité. Plus d’un Français sur quatre (27%) s’y déclare même « très favorable », selon la même étude. En revanche, « 34% des personnes interrogées (42% pour les habitants de l’agglomération parisienne) pensent que la vidéosurveillance dans les lieux publics tend à réduire leurs libertés ou à menacer leur vie privée ».
En juillet dernier, Michel Destot, président du Groupement des Autorités Responsables de Transports Publics (GART), et actuel président des Maires de grandes villes de France, s’était inquiété du financement du plan national d’équipement de la vidéosurveillance. «Les autorités organisatrices ne peuvent assumer seules les coûts de mise en oeuvre de systèmes» avait-il alors déclaré à la Gazette.
Pour aller plus loin :
– Le discours de Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, lors de l’installation de la Commission nationale de vidéosurveillance
– Le dossier de presse comportant la composition de la Commission, une fiche explicative sur le programme de raccordement des centres de supervision urbains, et le sondage IPSOS sur la perception de la vidéosurveillance par les Français.