Premier constat : ni la crise financière ni les incertitudes quant aux évolutions à venir en matière de compétences territoriales n’ont véritablement dissuadé les collectivités de poursuivre leur soutien aux secteurs du cinéma et de l’audiovisuel.
55,8 millions d’euros – En 2011, les collectivitĂ©s ont investi 55,8 millions d’euros (+ 4 %), rĂ©partis en 1 493 aides diffĂ©rentes : production, Ă©criture-dĂ©veloppement, postproduction. 38 % des crĂ©dits (57 % des aides) vont Ă l’audiovisuel. 62 % des crĂ©dits (43 % des aides) au cinĂ©ma (longs et courts mĂ©trages).
Autant d’indicateurs orientés à la hausse, à l’exception du nombre d’aides pour l’audiovisuel, qui recule de 2 %, signe d’un recentrage des crédits (en hausse de 4 %) sur un éventail de projets moins large.
Seule nuance : huit « territoires géographiques » ont dû réduire leurs crédits (qu’il s’agisse de la région ou de ses départements).
CrĂ©dits multipliĂ©s par 4 en 10 ans – Deuxième constat : ce soutien des territoires s’est solidement ancrĂ© dans les politiques culturelles au fil du temps. « En dix ans, les crĂ©dits ont Ă©tĂ© multipliĂ©s par quatre, et le nombre d’aides par deux », se fĂ©licitent les auteurs du Guide 2012 des soutiens Ă la production cinĂ©matographique et audiovisuelle, oĂą sont traditionnellement prĂ©sentĂ©es ces statistiques.
Ce malgré quelques aléas comme le léger fléchissement l’an dernier (- 1 %).
De 2001 à 2007, la progression a été accélérée par le dispositif mis en place en 2004 par le Centre national de la cinématographie et de l’image animée (CNC) dit « un euro [du CNC] pour deux euros [des collectivités] » et appliqué dans le cadre de conventions tripartites CNC-Drac-régions.
43 collectivitĂ©s engagĂ©es en faveur des producteurs – Au total, le guide recense 43 collectivitĂ©s engagĂ©es en faveur des producteurs, par le biais de l’accueil de tournages et/ou de contributions financières :
- les 22 régions métropolitaines plus deux ultramarines (Guadeloupe, Guyane),
- 17 départements,
- une ville (Paris)
- et une communauté urbaine (Strasbourg).
Depuis deux ans, le trio de tête des fonds régionaux de soutien à la production de longs métrages reste inchangé :
- Ile-de-France (10,373 millions d’euros),
- RhĂ´ne-Alpes- (3,150),
- Provence-Alpes-Côte-d’Azur (1,758).
Cette année, l’Aquitaine, en quatrième position (1,04), devance le Nord-Pas-de-Calais (1 million).
Une palme pour 13 territoires
S’il existait une Palme d’or des aides des collectivités au cinéma, elle serait décernée cette année à l’Ile-de-France, Paris, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Rhône-Alpes, Aquitaine, Gironde, Poitou-Charentes, Charente, Haute-Normandie, Basse-Normandie, région Centre, Var, Alpes-Maritimes.
Ces 13 collectivités ont apporté leur soutien matériel (accueil des tournages) ou financier aux producteurs de 26 films présentés dans le cadre du 65eFestival de Cannes (du 16 au 27 mai). Douze sont en Sélection officielle. Cinq sont même en compétition pour la Palme d’Or(1).
« C’est un très bon score, se réjouit Patrick Lamassoure, délégué général de Film France, la structure qui réunit le réseau des commissions du film et qui promeut les tournages et la post-production en France. Pour prendre conscience de ce score, il faut bien avoir en tête que les collectivités soutiennent des films français dans 90 % des cas. Donc avoir 26 films français à Cannes est un excellent résultat. Certes, ce chiffre est en repli par rapport à 2011, mais il s’agissait d’une année record avec 32 films !
Ces aides sont essentiellement orientés vers la création, c’est-à -dire du cinéma d’auteur. Patrick Lamassoure insiste sur leur caractère « hybride ». Etroitement liées à des territoires (et notamment à des régions), elles sont le plus souvent perçues par les professionnels du secteur comme purement économiques, et non culturelles. « Comme elles reposent sur les contribuables locaux, les collectivités ont ajouté à ces aides des critères liés aux retombées économiques des tournages sur le territoire concerné, pour pouvoir les justifier », rappelle Patrick Lamassoure.
Une ambigüité, qui est en train de devenir un problème. « La Commission européenne s’inquiète de la violence de la concurrence entre régions et envisage de leur appliquer des règles qui risqueraient de bloquer leur fonctionnement », explique le délégué général de Film France.
A Cannes, les collectivités prennent leurs quartiers au « Village des tournages »
A Cannes, Film France propose aux collectivités qui soutiennent la production cinématographique de s’installer dans un espace collectif baptisé « Le Village des tournages ». Outre les professionnels du cinéma, elles y retrouvent, entre autres, les représentants des lieux de patrimoine, le Centre des monuments nationaux, et l’Agence du patrimoine immatériel de l’Etat (APIE). Cette dernière est notamment l’auteure d’un mode d’emploi sur l’ouverture des espaces publics aux tournages de films.
Références
Thèmes abordés
Notes
Note 01 Amour, de Michael Haneke (Ile-de-France) ; Après la bataille, de Yousry Nasrallah (Ile-de-France) ; De rouille et d'os, de Jacques Audiard (Paca, Alpes-Maritimes, Var) ; Holy Motors, de Leos Carax (Ile-de-France, Paris) ; Vous n'avez encore rien vu, d’Alain Resnais (Ile-de-France). Retour au texte