Une réunion décisive de négociation sur les salaires des 5,2 millions de fonctionnaires a commencé le 18 février, peu après 17H00 à Bercy entre les huit fédérations du secteur public et le ministre du Budget et de la Fonction publique, Eric Woerth.
Les pourparlers devaient se prolonger tard dans la soirée, selon les participants (CGT, CFDT, FO, FSU, CFTC, CFE-CGC, Unsa et Solidaires), dans un contexte tendu sur fond de restriction budgétaire.
Les discussions devraient porter notamment sur la revalorisation annuelle du point d’indice servant de base de calcul aux traitements des fonctionnaires, Eric Woerth ayant proposé une hausse de +0,5%, jugée « inacceptable » côté syndical.
Pierre angulaire du pouvoir d’achat pour les syndicats, le point d’indice n’a pas été revalorisé depuis le 1er février 2007, malgré des demandes répétées et trois mouvements de grève pour les salaires depuis l’élection de Nicolas Sarkozy.
« Avec une revalorisation de 0,5%, une infirmière serait payée au Smic dans trois ou quatre ans, personne ne peut soutenir cela car les caisses ne sont pas aussi vides qu’on veut nous le faire croire », a affirmé Jean-Marc Canon (CGT).
« Les caisses sont vides et les syndicalistes le savent très bien », a déclaré pour sa part le secrétaire d’Etat à la Fonction publique André Santini à quelques heures de l’ouverture de la négociation.
Dans une interview au Monde diffusée avant le début de la réunion, Eric Woerth a affirmé disposer de marges de négociation, tout en soulignant une nouvelle fois que la rémunération des fonctionnaires était composée d’autres éléments que le seul point d’indice, comme l’ancienneté. « Je ne tiens pas un discours de rigueur mais de responsabilité. Les gains de productivité obtenus grâce au non-remplacement d’un départ à la retraite sur trois en 2008, soit 225 millions d’euros (…) permettront de financer des contreparties salariales », a-t-il déclaré.
Ses propositions incluent ainsi les avancements liés à l’ancienneté pour un coût d’1,6 milliard d’euros, mais aussi des mesures catégorielles chiffrées à 403 millions d’euros.
Eric Woerth propose également de racheter la moitié du stock de jours de RTT accumulés depuis trois ans sur les comptes-épargne temps « soit douze jours », un volet sur lequel il a « bon espoir de conclure un accord ».
S’y ajoutent la majoration des heures supplémentaires, des mesures sociales (logement, restauration) ou encore une nouvelle « garantie individuelle du pouvoir d’achat » (Gipa). Ce mécanisme vise à compenser la perte de pouvoir d’achat des agents dont le traitement indiciaire (indice et ancienneté) a évolué moins vite que l’inflation. Il s’appliquerait une fois tous les quatre ans (2003-2007 puis 2006-2010).
Les propositions d’Eric Woerth ont été ajustées au cours du week-end, sans toutefois de nouveau geste sur le point d’indice. Au total, ces mesures représentent « une augmentation de 3,7% » en moyenne soit « largement au niveau du privé », a estimé André Santini le 18 février au matin, évoquant l’évolution de la masse salariale.