Méfions-nous des faux semblants. Telle pourrait être la conclusion à tirer de la lecture de la dernière étude de Institut de l’Économie pour le Climat (I4CE). Publiée ce 14 novembre, le rapport dresse un bilan, plutôt favorable, des investissements qu’ont consacrés les collectivités en faveur du climat. Enfin de certains d’entre eux.
« Le périmètre de l’étude couvre les dépenses des collectivités en faveur de la décarbonation des bâtiments publics, des transports et de l’énergie », souligne François Thomazeau, directeur du programme collectivités locales et adaptation d’I4CE. Dit autrement : les dépenses consacrées à l’adaptation ne sont pas prises en compte (1).
7,8 milliards d’euros d’investissements en 2024
En apparence, communes, intercommunalités, départements et régions ont accru leurs efforts pour alléger le bilan carbone français. Depuis 2021, les dépenses en faveur de la rénovation des écoles, des lycées ou des mairies, les acquisitions de matériels roulants, les achats d’énergie devraient progresser de près de 19% entre 2021 et 2024. L’an passé, les collectivités ont ainsi investi 7,8 milliards d’euros, selon les calculs d’I4CE. Des chiffres à manier avec précaution.
Entre 2017 et 2024, les dépenses ont bondi de 42%. La preuve d’un certain dynamisme ? Oui et non. Certes, les collectivités ont bénéficié des plans de relance post-Covid (France Relance, France 2030) et d’outils créés pour l’occasion, à l’instar du Fonds Vert. Ce qui leur a permis de relancer mains programmes en souffrance, comme le développement des itinéraires cyclables. Pour autant, évolution du montant des investissements ne signifie pas toujours croissance de l’activité.
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Le prisme déformant de l’inflation
Marquée par l’explosion des prix de l’énergie, les années 2022 et 2023 ont vu les prix s’envoler, avec des taux d’inflation annuels flirtant avec les 5%. « Un peu plus de la moitié de l’augmentation des investissements bas carbone des collectivités s’explique par l’augmentation des prix pour un même volume de travaux réalisés ou d’équipement acquis », confirme la chercheuse Aurore Colin.
Autre biais : tous les secteurs de l’atténuation n’ont pas été traités sur un pied d’égalité. Ces deux dernières années, les collectivités ont ciblé l’amélioration de l’efficacité énergétique de l’éclairage public, l’acquisition de véhicules bas-carbone et les infrastructures de transports collectifs. Les investissements dans la rénovation énergétique des bâtiments ont globalement stagné. Les budgets dédiés aux infrastructures cyclables ont, quant à eux, chuté de 10%.
Doit-on y voir les prémisses d’un fort ralentissement ? C’est probable. « Les collectivités ont besoin de visibilité et de stabilité pour investir. Nous en sommes loin », regrette François Thomazeau. Depuis sa création, en 2022, le Fonds vert n’a cessé de voir monter et descendre ses autorisations d’engagement et ses crédits de paiement. Lancés dans la foulée de France Relance, les contrats de réussite de la transition écologique ont rapidement été laissés de côté par l’Etat.
L’avenir s’annonce encore plus sombre. « Si le projet de loi de finances pour 2026 est appliqué tel quel, la facture sera salée pour les collectivités », poursuit le chercheur. Ce qui n’incitera guère aux dépenses non urgentes. Et malgré l’urgence écologique, l’environnement passera après la sécurité, la propreté ou la voirie.
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