Lettre aux maires, missive aux présidents d’associations d’élus, annonce de la création de 5 000 maisons « France Santé », lancement d’une mission « Etat efficace »… : Sébastien Lecornu n’a pas encore constitué son gouvernement qu’il se pose en champion des libertés locales. Le Premier ministre annonce, avec tambours et trompettes, un nouveau « grand acte de décentralisation ». Les jours du millefeuille territorial sont comptés, clame-t-il à qui veut l’entendre. Logement, sport, environnement, tourisme et culture : dans tous ces secteurs-là, il y aura beaucoup moins d’intervenants et beaucoup plus d’efficacité.
De vraies fausses économies
Objectif affiché : faire des économies. Une impérieuse nécessité en ces temps de disette budgétaire, martèle le Premier ministre. L’expérience incite pourtant à une certaine modestie. Voici une grosse décennie, son prédécesseur, Manuel Valls, tenait peu ou prou le même discours. Acculé par Bruxelles, pour cause de dérapages budgétaires, il présentait la réforme territoriale comme la mère des réformes. La source d’inépuisables économies. On allait voir ce qu’on allait voir. L’échelon départemental devait être supprimé. Evidemment, il n’en a rien été. La fameuse loi portant nouvelle organisation territoriale de la République (Notre) n’a pas rapporté un centime au contribuable local. Certes, le texte « Notre » a quelque peu éclairci le paysage.
Le miroir aux alouettes fédéral
Mais en matière d’eau et d’assainissement, le transfert aux intercos n’est pas allé jusqu’au bout. Dans le domaine du développement économique, les départements ont été sortis par la porte. Mais ils ont tendance à revenir par la fenêtre. N’en déplaise à Sébastien Lecornu, comme à Manuel Valls, ce cher et vieux pays est encore beaucoup trop gaulois pour accepter sans broncher de telles réformes de structure. « Pour un véritable acte de décentralisation, il faudrait aller vers un Etat plus fédéral. Je ne suis pas sûr que les Français soient prêts à accepter des règles différentes entre les territoires, à renoncer au principe d’égalité et à un Etat fort », ajoute le patron d’Intercommunalités de France, Sébastien Martin (ex-LR). On ne saurait mieux dire.
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