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Culture

Rapport de l’IGF et de l’IGAC sur l’apport de la culture Ă  l’Ă©conomie : le regard des experts

Publié le 13/01/2014 • Par Hélène Girard • dans : France

Pour la Gazette, deux experts, Jean-Michel Tobelem, directeur d’Option Culture et Emmanuel Négrier, directeur de recherche au CNRS réagissent au rapport de l'IGF et de l'IGAC sur "l'apport de la culture à l'économie en France", publié le 3 janvier 2014.

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Le rapport des inspections gĂ©nĂ©rales des finances et des affaires culturelles (1) sur « l’apport de la culture Ă  l’Ă©conomie en France », publiĂ© le 3 janvier 2014, a rouvert le dĂ©bat sur l’intĂ©rĂŞt de l’Ă©valuation Ă©conomique des activitĂ©s culturelles et le cadre mĂ©thodologique Ă  appliquer.

« Je prĂ©fère parler d’apport de la culture Ă  la croissance et au dĂ©veloppement, parce que c’est une notion plus englobante »

Jean-Michel Tobelem, directeur d’Option Culture

« Une Ă©tude apportant des donnĂ©es dĂ©taillĂ©es est toujours intĂ©ressante en soi et permet une mise en perspective avec d’autres enquĂŞtes françaises et europĂ©ennes. La collaboration entre les deux ministères est bien entendu la bienvenue. Cela dit, les donnĂ©es statistiques ont leur importance, mais elles ne disent pas tout de la rĂ©alitĂ© et loin de lĂ .

Concernant le pĂ©rimètre, l’inclusion de certains secteurs, comme la publicitĂ© et l’architecture, ne va pas de soi. Certes, on pourrait considĂ©rer qu’il s’agit d’industries crĂ©atives. Mais, toutes les productions de ces secteurs relèvent-elles vraiment des industries crĂ©atives ? Paradoxalement, ce pĂ©rimètre, très large, accorde peu de place Ă  l’impact touristique de la culture, qui est pourtant significatif dans notre pays. Et pas uniquement du point de vue de la venue de visiteurs Ă©trangers, mais aussi – ce que l’on a tendance Ă  oublier – de celui des pratiques touristiques des Français sur le marchĂ© intĂ©rieur. Un enjeu majeur en termes de crĂ©ation de richesses et d’emplois non dĂ©localisables dans une grande partie du territoire national.

L’enquĂŞte de l’IGF et de l’IGAC ne fait pas de distinction entre les industries culturelles, qui vendent des biens et des services sur des marchĂ©s Ă  des consommateurs solvables, et les secteurs sans but lucratif, qui reposent en partie sur les financements publics. Or ce sont ces derniers qui ont le plus besoin d’être soutenus. 

Le risque est, d’une part, de privilégier les industries culturelles au détriment des secteurs culturels sans but lucratif, et, d’autre part, de donner aux décideurs l’idée de sélectionner les projets à soutenir en fonction principalement de leur impact économique potentiel.
De toute façon, le fait de dĂ©fendre la culture par le prisme Ă©conomique n’empĂŞche en rien les tentatives de rĂ©duire les financements publics. L’exemple britannique, parmi d’autres, le montre bien.

L’ensemble de ces rapports successifs sur la culture soulèvent un paradoxe : soit on affirme que : « la culture est un facteur de sortie de crise », et dans ce cas, logiquement, il faut faire porter l’effort financier sur la protection et le dĂ©veloppement de ce secteur. Ou bien on ne prend pas cette affirmation au sĂ©rieux, et dans ce cas, on rĂ©duit les crĂ©dits allouĂ©s Ă  la culture.
Or, oui, la culture est « rentable », pas tant que cela d’un point de vue financier, mais bien plus d’un point de vue social, scientifique, Ă©ducatif etc. C’est pourquoi il faut distinguer les entreprises culturelles Ă  vocation commerciale et les activitĂ©s sans but lucratif. Pour ces dernières la question des retombĂ©es Ă©conomiques n’a pas tant de sens. Sinon, il faudrait fermer les bibliothèques ! Qui prĂ©tend aujourd’hui qu’il faut le faire ? Chacun voit bien que cela n’aurait aucun sens du point de vue du bien-ĂŞtre de la sociĂ©tĂ©. C’est donc une erreur de fonder, avant tout, l’investissement public culturel sur l’impact Ă©conomique. Parce que la culture produit des effets nombreux et importants sur la sociĂ©tĂ©, mais ils ne relèvent pas uniquement de l’apport Ă©conomique. Il faudrait donc moins parler de l’apport de la culture Ă  l’économie, qui n’est qu’une vision des choses, mais plus de l’apport au dĂ©veloppement, au niveau des territoires, et Ă  la croissance, c’est-Ă -dire Ă  l’échelle des nations.

Car cela fait longtemps, en effet, que les Ă©conomistes ont montrĂ© que les facteurs traditionnels de production (capital, travail) n’expliquent pas, Ă  eux seuls, la croissance. Celle-ci relève aussi de facteurs plus ou moins intangibles.  Il paraĂ®t plus intĂ©ressant de rapporter la culture Ă  cette dimension « cachĂ©e » de la croissance, qui a des liens forts avec la recherche, l’éducation, et un ensemble des savoir-faire techniques ou managĂ©riaux (marques, design, organisation, dĂ©marches qualitĂ©, innovation, management interculturel, formation). C’est pourquoi, plutĂ´t que d’apport de la culture Ă  l’économie, je prĂ©fère parler d’apport Ă  la croissance et au dĂ©veloppement, parce que c’est une notion plus englobante, qui rend mieux compte des effets complexes de la culture sur son environnement.

Concernant la corrĂ©lation entre implantation culturelle et dĂ©veloppement des territoires, lĂ  aussi, on se heurte aux limites de la vision statistique et Ă©conomique. D’ailleurs, les auteurs du rapport ne tranchent pas et font montre d’une très grande prudence : il n’est pas rĂ©ellement possible de dĂ©terminer dans quel sens fonctionne la corrĂ©lation. Les territoires prospères et en plein dĂ©veloppement investissent certes dans la culture, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils sont devenus prospères parce qu’ils ont investi dans la culture. Oui, il faut investir dans la culture, mais il faut le faire pour les bonnes raisons, et non instrumentaliser les projets en vue de retombĂ©es Ă©conomiques. Sinon on s’expose Ă  un certain nombre de dĂ©convenues. C’est ce que l’on observe, par exemple,  Ă  Metz actuellement, avec le Centre Pompidou, ou avec le Louvre-Lens, qui est loin de pouvoir prĂ©tendre « rĂ©cupĂ©rer » l’investissement financier consenti par les collectivitĂ©s publiques. »

« Vouloir unifier les mĂ©thodes d’analyse ne me semble pas pertinent Â»

Emmanuel NĂ©grier, directeur de recherche au Centre d’Ă©tudes politiques de l’Europe latine (CNRS), UniversitĂ© de Montpellier

« Cette Ă©tude arrive Ă  point nommĂ©, entre deux administrations qui se sont plus souvent affrontĂ©es que rĂ©unies, et Ă  l’heure oĂą certains Ă©lus ciblent la culture dans leurs politiques de rigueur. Elle donne un bon signal fort aux Ă©lus qui seraient tentĂ©s de rĂ©duire les crĂ©dits culturels et qui n’ont pas toujours conscience qu’en touchant Ă  ce budget-lĂ , ils touchent aussi Ă  l’économie, ainsi qu’Ă  l’emploi, pas seulement au sens monĂ©taire du terme, mais aussi social : l’emploi, c’est aussi une relation sociale, un levier de reconnaissance, et pas seulement un revenu. En ce sens, le bĂ©nĂ©volat en fait partie, et il constitue d’ailleurs parfois un premier pas vers un emploi rĂ©munĂ©rĂ©.

Concernant la comparaison entre l’apport économique de la culture et celui de l’industrie automobile, je trouve l’écart très surprenant. Il est vrai que le périmètre retenu pour cette étude est extrêmement large. On est loin du seul périmètre des politiques culturelles.
Les auteurs parlent d’une corrĂ©lation entre implantation culturelle et dĂ©veloppement des territoires : sur ce point, je suis très prudent. Beaucoup de dĂ©cideurs verront lĂ  un rapport de causalitĂ©, pensant qu’un Ă©quipement culturel engendre « naturellement » un dĂ©veloppement local. Or si la causalitĂ© est inverse – si c’est le niveau de dĂ©veloppement du territoire qui a rendu possible (ce qui arrive aussi…), que dit-on ?

Il y a aussi un risque Ă  justifier la culture Ă  partir d’un critère Ă©conomique – d’ailleurs le rapport n’hĂ©site pas Ă  Ă©voquer ce risque d’instrumentalisation Ă©conomique – car Ă  trop justifier la culture par l’économie, on risque de la faire entrer en concurrence avec les autres secteurs d’activitĂ©s. Et il n’est pas certain qu’elle en sorte gagnante, malgrĂ© les chiffres annoncĂ©s par l’étude.

De plus, on risque de perdre de vue sa pertinence sociale et artistique. Or nous savons par nos enquêtes que ces critères ne se confondent pas. A partir d’études menées sur les retombées économiques de différents événements culturels, avec la même méthode d’analyse, j’ai pu confronter les résultats obtenus en termes de retombées avec la pertinence artistique de ces mêmes événements, du point de vue de la politique culturelle. Or, on obtient une discordance assez forte. Les festivals qui rapportent le plus en retombées ne sont pas ceux qui sont considérés comme les plus légitimes du point de vue de la politique culturelle. Mais en même temps, l’inverse ne vaut pas. S’il y avait une correspondance entre apport économique et pertinence culturelle, on obtiendrait assez facilement la liste des événements que les Drac (2) et les collectivités auraient vocation à subventionner. Or, ce n’est pas le cas.

Il est intĂ©ressant que les acteurs culturels puissent s’appuyer sur une telle Ă©tude, pour dĂ©montrer que loin de coĂ»ter leur activitĂ© rapporte ; mais l’étape suivante qui serait de faire de cet indicateur Ă©conomique un indicateur de dĂ©cision publique culturelle est extrĂŞmement dangereux. Or c’est quand mĂŞme – mĂŞme si les auteurs s’en dĂ©fendent – la petite musique qui sous-tend le rapport. Donc, soyons très prudents ! »

Notes

Note 01 Inspection générale des finances (IGF) et Inspection générale des affaires culturelles (IGAC) Retour au texte

Note 02 directions régionales des affaires culturelles Retour au texte

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