Le devenir du seuil de Beauregard situé sur la Garonne à hauteur de Boé, commune membre de l’agglomération d’Agen (Lot-et-Garonne), fait débat depuis plus de quarante ans, date à laquelle l’Etat a cessé de l’entretenir. Créé pour alimenter le canal latéral à la Garonne, le seuil a perdu sa fonction principale lors de la création en 1967 d’une station de pompage à Brax (Lot-et-Garonne).
Mais attachés à cet ouvrage qui a marqué le paysage agenais, élus et associations contestent la décision, annoncée le 14 novembre 2013, de l’Etat d’araser l’ouvrage. «On nous a promis une concertation que nous n’avons pas eue. Toutes les composantes politiques sont mobilisées pour réhabiliter le seuil qui fait partie de notre histoire locale. Nous allons introduire différents recours pour dénoncer notamment une concertation incomplète », déclare-t-il. En attendant, soutenu par les élus, il vient d’écrire une lettre au préfet de Lot-et-Garonne Denis Conus et veut saisir Philippe Martin, le nouveau ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie.
Du côté de l’agglomération d’Agen (29 communes ; 94 574 hab.), la déception est également vive. La réhabilitation du seuil de Beauregard est un des éléments du programme, en cours, d’aménagement des berges de la Garonne et du parc naturel fluvial Adour-Garonne. A ce titre, la collectivité a proposé de prendre à sa charge la reconstruction à l’identique de l’ouvrage et la réalisation d’une passe à poissons.
Dans le respect de la directive cadre sur l’eau sur la continuité écologique – Finalement, l’Etat, propriétaire du seuil de Beauregard, a tranché pour respecter la directive cadre sur l’eau (DCE) sur la continuité écologique dans les milieux aquatiques. C’est un des enjeux aussi du classement des cours d’eau sur le bassin Adour-Garonne qui vient d’être publié au journal officiel et a classé la Garonne, à l’aval du barrage du plan d’Arem en comprenant l’estuaire de la Gironde et son débouché maritime, en L1 (1) et L2 (2). Ce classement impose notamment de ne pas reconstruire d’ouvrages ou d’en construire des neufs pour ne pas empêcher la migration des poissons et le transit sédimentaire. « Sur la Garonne, il existe un risque important, compte-tenu de la dégradation des conditions hydro-morphologiques. L’échéance de bon état est ainsi repoussée à 2021 », indique-t-on à la direction régionale de l’aménagement, de l’environnement et du logement de Midi-Pyrénées.
L’arasement du seuil de Beauregard ne fait pas que des mécontents. Le président de la fédération de pêche de Lot-et-Garonne, Jean-Louis Molinié, salue ainsi la décision de l’Etat : « Le seuil tombait en ruine depuis dix ans. Situés en entrée d’agglomération, ses restes, en travers de la Garonne, ne donnaient pas une bonne image. Par ailleurs, la proposition existe de consolider par des enrochements le seuil naturel marneux. Il aurait l’avantage de ne pas créer d’obstacles aux poissons migrateurs tout en oxygénant le fleuve lors des basses eaux », explique-t-il. « Nous ne sommes plus à l’époque où on construit des barrages d’agrément », ajoute-t-il.
Thèmes abordés
Régions
Notes
Note 01 L1: vise à préserver les cours d'eau ciblés, cours d'eau à migrateurs amphihalins, de toute nouvelle atteinte à la continuité écologique Retour au texte
Note 02 L2 : vise à restaurer la continuité écologique au niveau d'ouvrages existants sur des cours d'eau prioritaires. Retour au texte