Les chiffres donnent le tournis. Dans ses mesures présentées en grande pompe le 15 juillet, le Premier ministre, François Bayrou, fait passer les milliards à la trappe avec une facilité déconcertante. Les collectivités ne sortent naturellement pas indemnes du plus vaste plan de rigueur de ces dernières années. Le curseur, dans la torpeur de l’été, est arrêté à 5,3 milliards d’euros. Il se pourrait cependant qu’à l’occasion du traditionnel jeu de rôle des congrès automnaux d’élus, le locataire de Matignon revoie cet effort à la baisse. Lors de la précédente loi de finances, déjà, les pouvoirs locaux avaient échappé au pire, bien soutenus dans leur lobbying par leur allié naturel, le Sénat. Mais depuis, le paysage s’est assombri pour les collectivités.
Le grand effondrement
Elles ne peuvent plus compter sur les crédits promis depuis des années pour la transition écologique. Les financements contre les passoires thermiques risquent fort d’être sacrifiés sur l’autel de la dénonciation de « l’écologie punitive ».
Un leitmotiv de plus en plus populaire, non seulement chez les députés Rassemblement national, Les Républicains, mais aussi sur bien d’autres bancs de l’hémicycle. Tout l’édifice, patiemment construit par les lois d’orientation des mobilités du 24 décembre 2019 et « climat et résilience » du 22 août 2021 menace de s’effondrer. A l’heure où les zones à faibles émissions boivent la tasse, les transports publics ne sont plus en odeur de sainteté.
Vœu pieux
Le récent rapport de Dominique Bussereau a beau prôner des investissements massifs de l’ordre de 3 milliards supplémentaires par an, le gouvernement fait la sourde oreille. Trop occupé à assurer sa survie, François Bayrou se garde de prendre le moindre engagement en monnaie sonnante et trébuchante. Le Premier ministre a dit « non » à toute loi de programmation. En guise de lot de consolation, son ministre délégué aux Transports, Philippe Tabarot, a obtenu une loi-cadre. Autant dire un vœu pieux, à moins de deux ans de la présidentielle.
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