Après une période 2021-2023 globalement dynamique pour le marché de l’implantation industrielles, l’année 2024 aura été marquée par un recul notable des projets d’investissements, comme le relevait le dernier Baromètre Ancoris-SCET de l’Attractivité des Territoires publié en janvier. Le recul est chiffré à -5 % sur l’ensemble des projets recensés, avec une baisse encore plus prononcée pour les implantations industrielles, en repli de 17 % par rapport à 2023. Un chiffre qui pourrait inquiéter, mais qui masque une réalité plus nuancée : certains secteurs résistent, voire s’affirment !
+2,8 % de fréquentation
C’est le cas du tourisme. Tiré par une conjoncture exceptionnelle – Jeux Olympiques et Paralympiques, 80 ans du Débarquement de Normandie, réouverture de Notre-Dame de Paris – l’année 2024 s’annonce comme un cru remarquable : +2,8 % de fréquentation domestique, 100 millions de visiteurs internationaux selon le ministère du Tourisme, et 18,6 milliards d’euros d’investissements recensés. Le cabinet Ancoris, opérateur privé de développement économique et touristique spécialisé dans la détection de projets d’implantation, constate même une hausse de 20% du nombre de projets d’implantation touristique accompagnés.
Mais tous les territoires ne profitent pas de cette manne avec la même intensité. Les grandes métropoles, Paris en tête, captent une grande partie des flux et des projets, laissant de nombreuses destinations en retrait. C’est particulièrement vrai pour trois types de destinations où se posent avec acuité les questions de reconversion et de repositionnement : les stations de moyenne montagne, les stations thermales, et plus largement les destinations disposant de friches touristiques.
Ces territoires partagent un même constat : leur attractivité repose souvent sur un grand équipement, aujourd’hui vieillissant, moins fréquenté, parfois inadapté aux nouvelles attentes. Les stations de montagne, bousculées par le réchauffement climatique et malmenées le manque d’enneigement, voient leur modèle économique vaciller. Les stations thermales souffrent du vieillissement de leur clientèle, d’une image figée sur les soins de santé, et d’une offre parfois surdimensionnée. Quant aux friches touristiques, elles sont souvent le symbole d’un passé révolu, laissées sans perspective de réemploi.
La reconversion de ses sites touristiques, moteur d’attractivité territoriale
Pourtant, ces infrastructures ne doivent pas être perçues comme des freins, mais comme de véritables leviers, des opportunités. Des territoires s’engagent déjà dans cette voie, avec des démarches exemplaires qui méritent d’être soulignées. Dans la Vallée de la Roya, durement touchée par la tempête Alex, les élus locaux ont engagé une étude stratégique de redéploiement touristique. Celle-ci a permis d’identifier les manques structurels en matière d’hébergement, de restauration et d’activités quatre saisons, tout en mobilisant les acteurs économiques du territoire autour d’une vision partagée. Ce travail a posé les bases d’un projet de requalification touristique intégrant l’environnement montagnard et les impératifs de résilience climatique.
À Saint-Amand-les-Eaux, la commune, en partenariat avec l’Établissement Public Foncier local, a su transformer une ancienne friche industrielle en opportunité. Une mission d’évaluation approfondie a été lancée afin de croiser les attentes des porteurs de projet, les contraintes urbanistiques et les ambitions de relance de l’offre thermale. L’objectif : faire émerger un programme mixte associant tourisme de bien-être, activités culturelles et ancrage local, en lien avec l’identité patrimoniale forte de la ville.
Ces projets de transformation ne se résument pas à une simple mise à niveau. Ils permettent de raconter une nouvelle histoire territoriale. Ils interpellent les collectivités sur leur volonté d’affirmer un tourisme plus résilient et diversifié.
Valoriser des atouts
Mais une stratégie foncière ou une étude de marché ne suffisent pas. Le succès de la reconversion passe par un projet territorial ambitieux, incarnée dans un message fort. Il faut redonner envie, créer un récit, travailler la notoriété, mobiliser les bons relais et cibler les bons opérateurs. C’est en alignant les outils stratégiques, fonciers, économiques et de communication que les territoires transformeront les friches touristiques en véritables projets de renaissance.
Les exemples de valorisation des atouts, patrimoniaux ou innovants, naturels ou culturels, sont nombreux et permettent de répondre par une véritable offre « sur mesure », permettant à chaque territoire de trouver son positionnement et sa stratégie la plus intégrée possible.
Le tourisme est une filière économique à part entière, une opportunité globale de redynamisation pour nos territoires, permettant indéniablement de redynamiser un territoire en étant vecteur d’innombrables retombées positives (création d’emplois locaux directs et indirects, recettes économiques liées à la fiscalité, attractivité à la fois pour les clientèles touristiques mais aussi pour les clientèles locales, diversification de l’offre, compétitivité et notoriété). Ne laissons pas les infrastructures complexes à l’abandon : offrons-leur un avenir !
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