Ni totem, ni tabou

Le corps des femmes, encore un tabou ? C’est la question à laquelle six élèves de l’Inet ont tenté de répondre dans un guide réalisé à l’initiative de l’Association des administrateurs de France ⁽¹⁾. A sa lecture, l’état des lieux dressé est sans appel : le corps des femmes est longtemps resté un angle mort de l’action publique locale. Il faut donc rattraper des siècles d’androcentrisme des savoirs médicaux, doublés d’une non-prise en compte des caractéristiques anthropométriques et physiologiques des femmes dans un monde professionnel conçu par et pour les hommes. Pour ce faire, pas de baguette magique, mais un éventail de bonnes pratiques et de leviers à enclencher pour (r)établir l’égalité professionnelle femmes-hommes, lutter contre les stéréotypes de genre, mais aussi rendre plus attractive une FPT boudée, notamment, par les jeunes générations.

Vaste chantier

Ce vaste chantier commence à essaimer dans les territoires. Depuis quelques années, nombreuses sont les collectivités à vouloir établir un congé menstruel, définir la ménopause comme un enjeu de santé au travail, mettre à disposition des salles d’allaitement… Les particularités et douleurs subies par les agentes sortent enfin de l’ombre, elles sont plus entendues et prises en compte. Le corps des femmes se défait progressivement de son statut d’« impensé » des politiques publiques locales, comme le qualifient les auteures du guide.

Car si hier, les différences entre les hommes et les femmes devaient être gommées, les spécificités de ces dernières sont aujourd’hui revendiquées pour s’ériger, demain, en totems d’une égalité enfin effective. Mais cette approche genrée est-elle l’unique chemin à emprunter ? Ne faudrait-il pas en profiter pour adopter, aussi, une approche universaliste où, par exemple, toutes les maladies chroniques seraient prises en compte ? Ou encore, une politique où les deux parents pourraient bénéficier d’aménagements horaires pour concilier vies familiale et professionnelle ? Loin d’être incompatibles, ces deux approches méritent d’être superposées. Au nom de l’égalité.