Ils ont toujours leurs bureaux Empire, leurs voitures avec chauffeur et leur armée de collaborateurs. Mais les ministres ont-ils encore le pouvoir ? Rien n’est moins sûr.
Quatre gouvernements se sont succédé en l’espace de dix-huit mois. Les deux têtes de l’exécutif battent des records d’impopularité. La France s’enfonce dans une crise de régime, comme elle n’en a pas connu depuis la IVe République.
Depuis la Bérézina de la dissolution, bien peu de ministres s’aventurent à présenter des projets de loi. Un seul mot d’ordre dans les bureaux parisiens : tous aux abris ! Les collectivités, qui réclament des réponses sur une multitude de dossiers, peuvent bien attendre.
La grande paralysie
Chacun, au gouvernement, expédie les affaires courantes en espérant passer entre les gouttes d’une prochaine motion de censure ou d’une nouvelle dissolution. Jamais l’action publique n’a été autant paralysée.
Et quand, par miracle, un texte passe la barre de l’Assemblée nationale, il vient dézinguer six ans de travaux contre l’étalement urbain. Le projet de loi de simplification de la vie économique enterre vivantes les ZFE. Il coupe les jambes du ZAN. Au passage, il fait un sort aux dispositifs destinés à mettre le turbo en faveur des installations photovoltaïques sur le toit des supermarchés et la construction d’éoliennes. Pour les écolos pur jus, c’est le grand retour en arrière.
L’alliance baroque
La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a beau relayer leur cri d’alerte, ils ne sont plus entendus. Le titulaire du portefeuille des Transports, Philippe Tabarot, juge que sur les zones à faibles émissions, il est urgent d’attendre.
Il y a parfois presque autant de points de vue que de représentants du gouvernement. Les partisans les plus résolus de la transition écologique en perdent leur latin.
Et qu’ils n’espèrent pas un arbitrage du Premier ministre en leur faveur : le parti de François Bayrou a voté main dans la main avec le RN et Les Républicains le projet de loi de simplification de la vie économique.
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