Les champs d’application de l’IA semblent infinis, à chaque fois plus bluffants. On parle là des campagnes médiatiques tendant à démontrer les immenses capacités des IA génératives. Dans le monde du travail, et dans le secteur public local, la « magie » d’un ChatGPT et consorts laisse plus circonspect.
Il existe un vrai intérêt, ainsi que le montrent ce numéro spécial de « La Gazette » (1) et le prochain « Cahier de l’observatoire Data Publica » (2), qui analyse 250 projets d’IA dans les collectivités. Mais, d’une part, toutes les IA ne se valent pas – l’IA générative n’est pas équivalente aux IA prédictives – et, d’autre part, le monde du travail a des exigences qu’elles sont loin de satisfaire. A fortiori dans le secteur public, auquel s’imposent des obligations de transparence, d’éthique et de redevabilité.
Artifice
Première insuffisance : l’entraînement des systèmes d’IA exige une masse de données considérables et fiables, expertisées et renouvelées pour ne pas générer de biais de représentation. Les collectivités ont certes progressé dans la gestion de leurs données, mais leur morcellement et leurs moyens hétérogènes rendent certains usages difficiles et lourds.
Deuxième insuffisance, la fiabilité, en particulier avec les IA génératives. Quiconque en a utilisé une dans un contexte professionnel a été forcément confronté à des réponses apparemment fiables, mais qui, à y regarder de plus près, s’avéraient fausses ou farfelues. Un artifice d’intelligence.
Des travaux menés sur l’IA, et cités par Hubert Guillaud, spécialiste des technologies numériques, relèvent ainsi que, « très souvent, l’écart entre la capacité et la fiabilité reste fort ».
Conséquence double : « Les résultats de l’IA générative nécessitent souvent beaucoup de retravail pour être exploités » et « les IA mal contrôlées risquent surtout d’introduire trop d’erreurs pour rester rentables ».
Vincent Lecomte, vice-président de l’Association des DRH des grandes collectivités, considère qu’il « s’agit, à la fois, d’appuyer sur le frein et sur l’accélérateur ». Si l’on prend en considération les impacts environnementaux de l’IA, il paraît opportun d’y ajouter une prudence de chat.
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Note 01 numéro du 16 juin, dont vous retrouverez les articles sur le site toute la semaine prochaine Retour au texte
Note 02 Ils seront publiés le 2 juillet. Retour au texte