Chers élus locaux,
L’expĂ©rimentation « Oui Pub », prĂ©vue par la loi « climat et rĂ©silience », arrive Ă son terme dans les quatorze collectivitĂ©s participantes ce 30 avril. Ce dispositif consistait Ă inverser la logique du « Stop Pub » en interdisant la distribution de prospectus dans les boĂ®tes aux lettres n’affichant pas un autocollant « Oui Pub ». Après trois ans d’expĂ©rimentation, le « Oui Pub » ne sera finalement pas gĂ©nĂ©ralisĂ© Ă l’ensemble du territoire français, avec un retour du « Stop Pub » le 1er mai dans les zones expĂ©rimentales.
Derrière cette idée qui peut sembler vertueuse, se cache toutefois une réalité économique et sociale beaucoup plus contrastée. Car derrière la promesse d’un renforcement du choix du citoyen se cache une vérité tout autre : la disparition d’un moyen de communication de proximité, efficace et souverain.
Sans avoir le temps de rĂ©ellement s’installer, le « Oui Pub » a signĂ© la fin de la distribution de l’imprimĂ© publicitaire dans chacun des territoires expĂ©rimentaux. Les citoyens qui souhaitaient recevoir une information commerciale n’ont ainsi pas vu leur choix respectĂ©. Et face au basculement vers d’autres mĂ©dias, souhaitons-nous vraiment que la communication dans nos villes et villages soit rĂ©servĂ©e aux seuls gĂ©ants Ă©trangers du numĂ©rique ou aux grandes enseignes dominantes ?
Trop souvent, le papier a Ă©tĂ© injustement dĂ©signĂ© comme le bouc Ă©missaire de nos enjeux Ă©cologiques, laissant penser que la publicitĂ© disparaĂ®trait ou que le tout numĂ©rique Ă©tait une alternative plus viable, plus responsable, plus verte, plus moderne. La baisse des tonnages de papier constatĂ©s sur les zones d’expĂ©rimentation « Oui Pub » ne doit cependant pas ĂŞtre la seule grille de lecture : le transfert de pollution vers le numĂ©rique ne sert pas l’intĂ©rĂŞt Ă©cologique global.
Rappelons que l’évaluation environnementale menĂ©e par l’Ademe dans le cadre de l’expĂ©rimentation « Oui Pub » « ne permet pas de conclure qu’un moindre recours au papier et un usage accru du numĂ©rique serait moins polluant ».
Alors que nos commerces de proximitĂ© se battent pour survivre et que le nombre de commerces vacants augmente de manière alarmante (+ 13,4 % en 2023 par rapport Ă 2022 dans les communes du programme Action cĹ“ur de ville (1)), nous sommes en train de leur tourner le dos. Nous prĂ©fĂ©rons confier notre communication Ă des multinationales comme Google et Meta, abandonnant ainsi nos producteurs de papier, imprimeurs ou distributeurs, pourvoyeurs d’emplois locaux et payant leurs impĂ´ts en France. Nos commerces de proximitĂ©, Ă taille humaine et proches des habitants, n’ont guère d’autres options que l’imprimĂ© publicitaire pour attirer les consommateurs dans leurs boutiques et crĂ©er du trafic en magasin. Le « Oui Pub » les force ainsi Ă entrer dans l’arène de la publicitĂ© en ligne oĂą ils sont invisibles.
Nos commerces physiques, qui font vivre nos villes, doivent désormais faire face à une offensive sans remords des nouveaux géants américains et chinois du e-commerce : Amazon, leader de la vente en ligne, Shein, avec son impact dévastateur sur le secteur du textile français, et Tému, qui reproduit le même schéma sur l’ameublement et la décoration mais aussi les produits de consommation courante d’hygiène et beauté dénommée PGC.
Nos petites entreprises, déjà fragilisées, ne font pas le poids et ne peuvent pas rivaliser en matière de communication numérique avec la force de frappe des entreprises américaines et chinoises. Ces géants du numérique occupent l’essentiel de l’espace publicitaire en ligne, laissant les commerçants locaux dans l’impossibilité de capter l’attention de leurs clients existants et potentiels et, donc, d’attirer de nouveaux clients.
La fin de l’imprimĂ© publicitaire porterait un coup fatal Ă vos commerçants locaux, les privant d’un outil essentiel, tout en rendant plus coĂ»teux et plus fragile l’approvisionnement en papier recyclĂ©, qui sert entre autres Ă l’impression de la presse rĂ©gionale et Ă vos propres communications locales, rendant les messages publics moins visibles et moins efficaces.
Le papier est un support responsable. Il joue un rôle clé dans l’inclusion et la vitalité de nos territoires. Il permet à tous, y compris aux 16 millions de Français encore éloignés du numérique, d’accéder à l’information, notamment en période électorale, et de bénéficier de promotions soutenant les commerces de proximité. Contrairement au numérique, ses impacts sur l’environnement sont connus et maîtrisés. Son recyclage est performant grâce au financement de la REP par les annonceurs et à la mobilisation des collectivités locales pour la collecte et le tri.
Le papier est l’ami de vos collectivités. Il est même un allié essentiel pour garantir l’égalité d’accès à l’information dans les territoires et pour soutenir la vitalité commerciale de vos communes.
Signataires
- Ahmed ALIOUANE, gérant d’Audit Média Communication
- Nathalie ASMUSSEN, présidente de l’ADBAL
- Eric BARIDEAU, membre de Mercator Press
- Yves BAILLY, président Norske Skog Golbey
- Pierre BARKI, président de Culture papier
- Charles BEMBARON, président de MGP
- Pascal BOVERO, dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral de L’UNIIC
- Jerôme BROCARD, directeur général de Géodiffusion
- Muriel CANIEZ, présidente de Two Sides
- Leen DEHANTSCHUTTER, Managing Director BD Media
- Fabienne FILLIOLE, directrice générale de Comeback Graphic
- Patrick GEORGES, président directeur général de Bazarland
- Alain GRAMOND, directeur commercial de Champar
- Aurélie LE GRAND, directrice de Média & Pub
- Gilles MURE-RAVAUD, président du GMI
- Stéphane PANOU, président de la filière papiers-cartons Federec
- Monique RODRIGO, Directrice marketing « clients et communication » de Maxi Zoo
- Angélique THOUET, directrice de Sparte Communication
- Loïc VERLEY et Arnaud DUBIN, coordinateurs du Cercle d’alliés et associés chez Pub-audit.
Thèmes abordés