La loi NOTRe de 2015 (1) , puis la loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, de 2016, établissent en matière de politique culturelle une responsabilité partagée entre l’État et les collectivités territoriales, confortant un modèle français envié ou réprouvé à l’international mais tenu pour unique.
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les arts et la culture font l’objet d’une forme de consensus républicain, comme vecteurs d’émancipation individuelle et collective et levier fort d’identité dans une société et un monde en reconstruction. La décentralisation théâtrale redessine et démocratise le paysage culturel français. S’ébauche un service public de la culture porté par l’État, rejoint au fil des étapes de décentralisation par les collectivités territoriales. Aujourd’hui, plus de la moitié de son financement est porté par les collectivités territoriales, et très majoritairement (80%) par les communes et leurs groupements.
Associées à des politiques éducatives et sociales ambitieuses et volontaristes, les politiques culturelles publiques menées depuis des décennies dans une ville comme Montreuil et plus largement dans nos territoires populaires, constituent des fondations solides qui leur permettent de tenir debout malgré une concentration de difficultés et d’inégalités sociales. Au plus près des habitant.es, et notamment des plus jeunes, des artistes mènent dans nos quartiers à partir de leurs créations, un travail quotidien d’échanges, de rencontres et d’actions artistiques et culturelles.
Convaincus par le caractère essentiel de la création artistique et témoins de la pertinence et de l’efficacité de ces politiques culturelles sur leurs territoires, les élus locaux sont de plus en plus confrontés à la difficulté de mettre en œuvre une compétence partagée mais non obligatoire, dans un contexte de finances mises à mal par des décisions successives de l’État imposant depuis plus de dix ans aux collectivités, des coupes budgétaires, des dépenses supplémentaires non compensées et une perte de leur fiscalité. Si récemment quelques collectivités ont baissé leurs financements par idéologie, celles pour qui le service public des arts et des cultures relève du choix de société, peinent de plus en plus à le financer, contraintes à se replier sur leurs seules compétences obligatoires.
Dans ce contexte de finances en berne et de rupture du pacte républicain informel mis en place au milieu du siècle dernier, le partage de la compétence culture ne suffit plus. Il est urgent de réunir élus locaux, parlementaires, organisations syndicales et professionnelles afin de réfléchir aux moyens de de pérenniser par la loi notre service public des arts et des cultures, et son financement.
L’exercice est difficile et comprend des écueils. Mais il est essentiel pour garantir l’accès de toutes et tous à ce service public, facteur de lien et de transformation sociale. Il est fondamental pour assurer le financement d’une création libre, et pour accompagner les artistes sur des temps longs, afin de ne pas les contraindre à une mise en concurrence délétère qui induirait de fait une baisse de la diversité des esthétiques et des expressions. Il en va de notre démocratie et de notre humanité.
Références
- Restez informé de l'actualité des politiques culturelles, inscrivez-vous à la Newsletter Culture de la Gazette
Thèmes abordés
Notes
Note 01 Loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République Retour au texte