On l’a dit mort mille fois depuis les premiers feux de la décentralisation de 1982. Ravalé au rang de vulgaire commissaire de la République, le préfet de département devait s’effacer devant les grands élus locaux qui s’étaient emparés de la forteresse étatique, tels Pierre Mauroy à Lille et Gaston Defferre à Marseille.
A l’époque de Nicolas Sarkozy et de son implacable Révision générale des politiques publiques (en 2007), il devait céder le pas au préfet de région, jugé plus « efficient »… Symbole des grands serviteurs de l’Etat à l’ancienne, le préfet de département n’entrait pas, non plus, dans les plans du nouveau monde épris de partenariats publics-privés.
Le retour du vieux monde
Emmanuel Macron a eu la peau de son école de formation, l’ENA, transformée en un Institut national du service public. Il a rayé d’un trait de plume les grands corps. Mais, dans ce grand chamboule-tout de la haute administration, le préfet de département bouge encore.
Mieux, il apparaît plus vaillant que jamais. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ne jure que par lui. Les édiles, depuis la crise sanitaire, s’en remettent invariablement au couple qu’il forme avec le maire. A chaque rapport, les sénateurs voient, dans le préfet de département, LA solution pour remettre de l’ordre dans le millefeuille territorial, dans le maquis des agences d’Etat dopées par le New Public Management des années 2000. Issus de la Haute Assemblée, les ministres des territoires suivent naturellement la même pente.
Pouvoir de dérogation
Les préfets de départements devraient, dans les prochaines semaines, bénéficier d’un pouvoir de dérogation renforcé. L’affaire mérite d’être encore précisée. Mais l’élan est là. Les préfets de départements devraient aussi disposer de plus de pouvoir sur les administrations déconcentrées de l’Etat, en particulier les directions des services de l’Education nationale.
Si cette orientation suscite des tirages chez certains agents, elle est saluée sur tous les bancs. Un consensus qui mérite d’être souligné en ces temps d’hystérisation de la vie politique.
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