Séisme politico-judiciaire, ce 27 février, à Toulouse. Le tribunal administratif a mis un coup d’arrêt à la construction de l’A69, entre Castres et la Ville rose.
Alors que les deux tiers de ce chantier de 53 kilomètres ont été réalisés et que 300 millions d’euros ont déjà été investis, la juridiction a considéré que le projet ne répondait à « aucune raison impérative d’intérêt public majeur justifiant de porter atteinte à l’environnement ».
Aux yeux du tribunal, les bénéfices de cette autoroute sont « très limités pour ce territoire et ses habitants ». Un jugement qui provoque l’ire de la patronne PS de l’Occitanie et de Régions de France, Carole Delga. Dans un communiqué furibond, elle rappelle que près d’un millier de personnes œuvrent sur ce chantier cher aux laboratoires Pierre Fabre implantés à Castres. « La France des procédures dévore la France des projets », abonde son ami et camarade président PS de la métropole de Montpellier, Michaël Delafosse.
Guerre des gauches
Dans le camp d’en face, à EELV, comme à LFI, on salue un premier pas vers la mise à mort d’un grand « projet inutile » et « écocide ».
Sur la place du Capitole, on sabre le champagne. « Le droit environnemental et l’intérêt général triomphent face aux lobbies économiques et aux intérêts privés », savoure la députée LFI de la Haute-Garonne, Anne Stambach-Terrenoir.
Derrière cet énième épisode de la guerre des gauches qui oppose socialistes pro-business et écolos décroissants, la décision du tribunal administratif ne laisse pas d’inquiéter certains édiles.
Marathon judiciaire
Ces élus avaient déjà été échaudés par l’affaire de Notre-Dame-des-Landes. Le pouvoir central avait, là, fait fi du verdict des urnes. Il avait jeté aux oubliettes le projet de construction de l’aéroport validé par un référendum local.
Une décision qui n’a pas pour autant fait retomber la fièvre. Contournement de Rouen ou de Roissy, autoroute A154 entre Dreux et Orléans… : tous les grands projets, soutenus par les collectivités, suscitent la controverse.
Il n’est plus de transaction, de consensus possibles. Dans ces conditions, c’est le juge qui, en dernier ressort, tranche. Le tribunal administratif de Toulouse a livré son verdict. Mais le marathon judiciaire ne fait que commencer.
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