C’était il y a neuf mois. Autant dire, un siècle. Eric Woerth remettait son rapport « Décentralisation, le temps de la confiance » à Emmanuel Macron. Fusion des différentes catégories d’intercommunalités, suppression de la métropole du Grand Paris, dévitalisation du Comité des finances locales, retour du conseiller territorial… : le menu était particulièrement copieux.
Las, ces différentes pistes ont été enterrées, victimes de la dissolution et de la crise gouvernementale. La décentralisation est laissée en jachère. François Bayrou, dans son discours de politique générale, a bien lancé : « Il y a Paris, les grandes métropoles et le désert français. Une partie du tissu national disparaît médiatiquement et politiquement. »
Tambouille électorale
Mais, sitôt les difficultés budgétaires passées, le Premier ministre fait exactement le contraire de ce qu’il prônait à la tribune de l’Assemblée nationale. Exit le maire de Pau et l’ex-haut commissaire au Plan, soucieux d’aménagement du territoire.
Il ne reste plus que le chef du Modem. Pour le patron de la petite boutique centriste, la priorité des priorités est la réforme du statut électoral de Paris, Lyon et Marseille. Dans son viseur ? La gauche socialo-écologiste qu’il veut bouter hors de l’hôtel de ville de la capitale. Pour ce faire, François Bayrou a son plan.
Pause institutionnelle
Les maires des trois grandes villes de France ne doivent plus passer sous les fourches caudines des conseillers d’arrondissement. Il faut qu’ils soient désignés par les électeurs eux-mêmes. En matière de refonte des collectivités, voilà donc la marque que François Bayrou entend (pour l’heure ?) laisser de son passage à Matignon.
Les 65 millions de Français, qui ne sont pas concernés par la réforme dite de « PLM » (Paris, Lyon, Marseille), peuvent bien attendre… La chute vertigineuse de la participation aux départementales et aux régionales de 2021, auxquelles n’a pris part qu’un électeur sur trois, est toujours cachée sous le tapis. La pause institutionnelle décrétée au lendemain de la loi « Notre » de 2015 reste l’horizon indépassable de la classe politique.
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