Premier ministre tout fraîchement nommé, François Bayrou a choisi d’assister en visio, le 16 décembre, à la réunion de crise consacrée à Mayotte pour pouvoir présider, en chair et en os, grâce à un aller-retour en jet, le conseil municipal de Pau. Alors que l’archipel pansait ses plaies, après avoir été balayé la veille par le cyclone Chido, le Premier ministre – maire préféra assurer ses arrières politiques plutôt que d’être à l’écoute des besoins des Mahorais.
Une faute qui vient renforcer le mur antibruit dressé entre le pouvoir et les citoyens. Car qui prête attention, aujourd’hui, aux demandes d’un rehaussement du pouvoir d’achat, d’une nécessaire réforme en profondeur du logement, d’une action réelle en faveur de la planète ? Mise en sourdine, encore plus depuis la dissolution décidée avant l’été, la parole citoyenne est reléguée loin derrière les manœuvres politiciennes qui se jouent dans les salons feutrés de l’Elysée et de Matignon.
Peau de chagrin
Pire, cette absence d’écoute est désormais assumée et institutionnalisée. En déplacement, le 29 novembre, pour présenter le plan d’urgence du gouvernement visant à protéger l’industrie française, l’ex-Premier ministre Michel Barnier n’a pas ménagé la Commission nationale du débat public, dernier barrage face à un Etat sourd.
Il a affirmé sa volonté d’exclure les projets industriels du champ de compétences de la commission, pourtant déjà réduit à peau de chagrin ces dernières années. Son désir s’est traduit, quelques jours plus tard, par un projet de décret, soumis – ironie du sort – à une consultation du public.
Empathie
Bénéficiaires de l’action publique, les Français ne mériteraient-ils pas plus d’empathie ? C’est l’objectif que se sont fixé plusieurs collectivités. Face à un service public parfois déconnecté et défaillant, des acteurs publics locaux ont décidé de prendre à bras-le-corps la question des émotions des usagers de l’action publique.
Comment ? En jouant avec elles pour changer les pratiques, en se glissant dans la peau de l’usager type ou en tendant l’oreille pour écouter les émotions de leurs agents. Des pratiques à développer d’urgence !
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