Et c’est reparti ! A la recherche d’économies, le gouvernement vient d’annoncer sa volonté de réduire l’absentéisme dans la fonction publique. Il en attend 1,2 milliard d’euros dans la loi de finances pour 2025. Par quel truchement ? Le même que celui activé en 2012, puis 2018, puis 2023, mais en plus rude : faire passer les jours de carence de un à trois et baisser l’indemnisation des arrêts de maladie de 100 % à 90 % du traitement. Guillaume Kasbarian, le ministre de la Fonction publique, présente des éléments de langage qui se veulent imparables. D’abord, les chiffres : les jours d’absence dans la fonction publique seraient passés de 43 millions en 2014 à 77 millions en 2022 avec, en moyenne, 14,5 jours d’absence dans le public, contre 11,6 dans le privé.
Faible effet
La philosophie, ensuite : il y va de l’équité entre les salariés du privé (déjà sous 3 jours de carence) et les agents publics, bénéficiaires d’un avantage évidemment indu. Disant cela, le ministre ignore superbement les conclusions de très nombreux travaux d’évaluation. Qui démontrent, comme l’Insee en 2017, que l’instauration d’un jour de carence n’a qu’un très faible effet sur l’absentéisme. Il passe aussi sous silence que les entreprises couvrent la carence pour 70 % de leurs salariés. Et qu’il existe une profonde différence de nature des emplois publics avec ceux du privé, singulièrement dans les collectivités : des emplois plus usants et une pyramide des âges plus élevée, contre lesquels les mesures annoncées ne peuvent rien.
Remèdes inefficaces
Surtout, dans sa dernière étude parue en septembre, le groupe mutualiste Relyens relève qu’en 2023 « si la plupart des arrêts de maladie ordinaires sont de courte durée, ils ne représentent pas un volume important [7 % du total]. Le débat autour du nombre de jours de carence n’est donc pas pertinent ». Les différences entre public et privé ont ainsi des causes objectives qui mériteraient toute l’attention de ce gouvernement. Reproduire, comme un réflexe incontrôlable, les remèdes inefficaces de ses prédécesseurs, c’est la définition du trouble obsessionnel compulsif.