L’affaire était cousue de fil blanc. Au lendemain de coupes historiques dans les concours financiers de l’Etat aux collectivités, Michel Barnier le savait. Il se devait d’éteindre l’incendie qui menaçait de prendre dans les communes.
Mis au parfum par son contingent de ministres venus du Sénat, l’ancien édile savoyard a vite repéré l’objet ultime de crispation parmi les associations de maires : le transfert de la compétence « eau et assainissement » aux intercommunalités. Depuis près d’une décennie et les premiers débats autour de la loi « Notre », cette opération fait instantanément monter la fièvre de quelques degrés dans les congrès d’édiles.
Lot de consolation
Malgré un toilettage gouvernemental et des propositions de loi en pagaille, elle suscite toujours autant de nervosité chez des maires soucieux de garder la main sur le compteur d’eau de leurs administrés. Fine mouche, le Premier ministre leur a donné raison, le 9 octobre, devant le Sénat. Le transfert de la compétence « eau et assainissement » ne sera plus obligatoire à l’horizon 2026.
Les porte-voix des maires, à l’instar du numéro 2 de l’Association des petites villes de France, le sénateur centriste Loïc Hervé, crient victoire. De cette manière, Michel Barnier s’achète un succès à bon compte. Son lot de consolation ne coûtera pas un centime à l’Etat. Mais inversera-t-il le cours de l’histoire ? Il est permis d’en douter.
Mur d’investissement
Au-delà des effets de manche, le mouvement de transfert de cette compétence est cependant largement enclenché. Toutes les intercommunalités urbaines, communautés d’agglomération comprises, ont déjà pris ces services publics dans leur escarcelle. Et si environ la moitié des communautés de communes ne l’ont pas encore fait, celles-ci ne représentent que 20 % de la population.
Obligatoire ou pas, le transfert aux intercommunalités devrait s’imposer. Car l’eau, avec le changement climatique, est devenue une ressource aussi rare que chère. Pour éviter les fuites et moderniser un réseau qui part à vau-l’eau depuis des décennies, qui peut affirmer que les communes ont les reins assez solides ?
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