Michel Barnier n’a pas dérogé à la règle : comme tout nouveau chef du gouvernement, il a salué, dans son discours de politique générale, le dévouement des agents publics et le besoin croissant de services publics exprimé par les Français. Mais les choses se sont gâtées sitôt le discours achevé. Comme d’habitude, serait-on tenté de dire.
Il y a d’abord eu le rapport de la Cour des comptes sur les finances des collectivités locales, publié le 2 octobre, réclamant 100 000 suppressions de postes, pour une économie annuelle de 4,1 milliards d’euros. Puis, dans la foulée, Michel Barnier lui-même qui, sur France 2, le 3 octobre, envisage de ne pas remplacer tous les fonctionnaires partant à la retraite.
Démagogie
Ce qui frappe, c’est la constance du pouvoir central et des institutions qui le conseillent pour produire des injonctions contradictoires. En s’appuyant, toujours, sur l’apparente vérité des chiffres et des comptes. Le Premier ministre peut ainsi promettre plus de services publics, mais moins de fonctionnaires. L’argument est-il étayé ? Pas une seconde. En revanche, sa démagogie exaspère les praticiens.
De même, la Cour des comptes critique l’augmentation des effectifs de 100 000 territoriaux entre 2011 et 2021 alors « qu’il n’y a pas eu de nouveaux transferts de compétences ». Or, il y a bien eu transferts, de compétences ET de charges, durant cette période, l’Etat n’étant pas le dernier, en outre, à inciter les collectivités à créer des postes pour accompagner ses propres stratégies.
« Yakafaukon »
Dans le même registre, la croissance des effectifs de contractuels et des salaires est dénoncée, sans revenir à la genèse de ce mouvement : la loi de 2019 de transformation de la fonction publique, qui a ouvert les vannes. Réduire l’absentéisme générerait des économies, dit-on encore, sans jamais prendre en considération que la territoriale compte 75 % d’agents de catégorie C, plus exposés aux accidents du travail qu’ailleurs.
Elus locaux et agents territoriaux ne cessent de réclamer un vrai débat de société pour arbitrer ces choix et dépasser le « yakafaukon ». Il pourrait prendre place dans le « partenariat » Etat-collectivités promis par ce gouvernement. A vous de jouer, monsieur Barnier !
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