[Métropole de Rouen (Seine-Maritime), 71 communes, 499 900 hab.] Un outil d’intelligence artificielle (IA) inédit est en développement à la métropole de Rouen avec les agents de son service « participation et citoyenneté ». Celui-ci faciliterait l’inclusion et l’expression citoyennes, puis retranscrirait les échanges avec les habitants de l’oral vers l’écrit, notamment sous la forme d’une datavisualisation synthétique offrant une fidèle répartition des avis exprimés.
C’est grâce à un marché d’innovation passé avec l’entreprise Delibia, start-up proposant un outil basé sur l’intelligence artificielle destiné à rechercher, analyser et rédiger des délibérations, que cette initiative annexe a rapidement émergé. Il s’est agi de « se servir de cette opportunité pour développer une innovation faisant le lien entre IA et participation citoyenne », résume Julien Cammas, chargé d’opérations « démocratie participative et coconstruction citoyenne » au sein de la collectivité.
Version bêta
« En partant des besoins et des processus métiers, on ébauche un premier assistant spécialisé bêta, que l’on teste et améliore de manière itérative. On l’alimente avec des jeux de données issus de projets de la métropole, on voit comment il réagit et on ajuste », expose Jean-Baptiste Roffini, cofondateur de Delibia.
Les premiers tests sont assez bluffants. Par exemple, une stratégie de concertation ciblée a été demandée à l’IA à partir des données issues d’un projet de réaménagement mené sur la côte Sainte-Catherine. Verdict : « Toutes les questions générées par l’IA étaient celles que nous avions effectivement posées », assure Julien Cammas.
« C’est un nouveau cas d’usage fait sur mesure. Un nouvel outil dont on doit se servir à bon escient », précise Isadora Guerra, cheffe du service « participation citoyenneté ». Pour poursuivre leur réflexion, les agents ont organisé un atelier participatif dédié à ce projet à l’occasion des 8es rencontres européennes de la participation, qui se sont déroulées du 1er au 3 juillet à Toulouse.
A cette occasion, ils se sont d’ailleurs aperçus d’un « clivage très fort » lors d’un débat mouvant : à la question « Est-ce que l’IA peut être un vecteur de dynamisation de la démocratie locale ? », sur la cinquantaine de participants présents, 48 ont émis de fortes réserves et percevaient plutôt l’IA comme une menace.
Pour autant, des pistes ont rapidement émergé autour des opportunités offertes par un tel cas d’usage : gagner du temps, avoir une meilleure accessibilité et inclusivité, par exemple, en transposant les contenus en langage facile à lire et à comprendre. A l’issue de cet atelier, une dizaine de collectivités ont indiqué vouloir prolonger le travail avec les agents de la métropole de Rouen. Le chantier doit se poursuivre pas à pas avec Delibia. « Une majorité d’entre nous ne connaît pas toutes les potentialités offertes par l’IA. Le gain de temps, en lui-même, est déjà incroyable », relève Claire Montay, chargée d’animation et de coordination du conseil de développement durable.
Démystification
« Ce qu’on peut faire est quasiment infini », assure Jean-Baptiste Roffini, cofondateur de Delibia, qui compte désormais plus de 300 collectivités clientes. Et qui relativise les craintes engendrées par l’utilisation de l’IA : « En formation, nous expliquons comment fonctionne l’IA, nous la démystifions et permettons une meilleure appropriation. Certains agents nous remontent parfois la crainte de la suppression de leurs métiers. Mais l’enjeu n’est pas celui-ci : ce n’est pas l’IA qui va vous remplacer, ce sont les collègues qui la maîtriseront mieux que vous. »
Contact : Isadora Guerra, cheffe du service « participation citoyenne », isadora.guerra@metropole-rouen-normandie.fr
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