Ils s’appellent Eliane Barreille, Françoise Laurent-Perrigot, Jérôme Dumont, Michel Weill et Patrick Gendraud. Ils sont PS, LR, PRG ou divers droite. Tous présidents de conseil départemental, la plupart disposent d’une confortable majorité.
Mais, depuis le 30 juin et le 7 juillet, ils sont assis sur un siège éjectable. Pour la première fois, leur département n’a envoyé dans la capitale que des députés Rassemblement national.
Un grand chelem qui vaut aux Alpes-de-Haute-Provence, au Gard, à la Meuse, au Tarn-et-Garonne et à l’Yonne de rejoindre l’Aude, la Haute-Marne, les Pyrénées-Orientales et la Haute-Saône, où le RN avait déjà surclassé ses adversaires lors de la précédente édition des législatives.
Nouveaux fiefs
La victoire du front républicain ne doit pas faire illusion. La marée bleu Marine monte à chaque élection nationale. Les élites parisiennes sont les principales cibles de ce vent de dégagisme. Mais les élites locales ne pourront durablement y échapper. Au regard des résultats des législatives, une multitude de conseils départementaux pourraient basculer dans le giron du RN.
Des conseils régionaux sont aussi sur la sellette, comme la Bourgogne – Franche-Comté, le Grand Est, les Hauts-de-France, l’Occitanie et la Provence – Alpes – Côte d’Azur. Le quart nord-est, le couloir rhodanien et l’arc méditerranéen sont, plus que jamais, sous l’emprise du RN. Sans compter les nouveaux fiefs de l’extrême droite en Aquitaine, en Normandie ou aux franges de la région parisienne.
Question existentielle
C’est toute une France qui ne veut plus entendre parler ni de la gauche ni de la droite. Un rejet qui pose une question existentielle au Nouveau Front populaire, arrivé en tête du scrutin.
Le Picard François Ruffin (ex-LFI) ne s’y est pas trompé au soir de sa victoire : « Le front de la Somme n’a pas craqué, mais même nous, en deux ans, nous avons perdu huit points. L’extrême droite s’installe dans les terres ouvrières. Perdre les ouvriers, ce n’est pas seulement perdre les électeurs. Pour la gauche, c’est perdre son âme. »