A l’heure où nous écrivons ces lignes, nul ne sait encore ce qui sortira des urnes le 7 juillet. Mais il deviendra alors peut-être encore plus crucial de trouver des explications à la situation politique inédite dans laquelle le pays pourrait être plongé. Un rapport sénatorial présenté en catimini le 14 juin, dans le creux de la dissolution de l’Assemblée nationale, apporte une partie de la réponse, et le gouvernement ne pourra pas dire que la sonnette d’alarme n’avait pas été tirée depuis bien longtemps.
Incapacité
Intitulé « Permettre aux petites communes de concrétiser leurs projets », il revient sur vingt ans de suppression progressive de l’ingénierie publique et l’incapacité dans laquelle les communes de moins de 2 000 habitants, soit 85 %, ont été progressivement plongées pour développer leurs projets. Depuis 2001 et le début de cet assèchement des effectifs de l’Etat territorial affectés au soutien des communes, des dizaines de rapports parlementaires ou de la Cour des comptes ont alerté sur le sentiment d’abandon des territoires et ses effets très concrets sur le quotidien des habitants.
Moyens financiers
Créée en 2017, l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) devait incarner l’Etat « facilitateur », accompagnateur et non plus censeur. Mais, comme le démontre ce rapport, et d’autres avant, l’offre d’ingénierie sur mesure proposée aux plus petites communes ne bénéficie que d’une part réduite du budget de l’agence, sans compter que cette offre est encore très mal identifiée par les élus locaux eux-mêmes.
Même critique pour le dernier-né des programmes portés par l’ANCT, Villages d’avenir, inclus dans le plan France Ruralités et lancé en juin 2023. Cent chefs de projet accompagnent 2 458 communes de moins de 3 500 habitants, mais essentiellement dans la phase amont. Aucun financement n’a été prévu pour les projets eux-mêmes et l’accompagnement de la phase opérationnelle. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’intérêt de ces outils. Mais qui dit ingénierie à deux vitesses, dit pays à deux vitesses. L’Etat doit accorder des moyens financiers et humains à la hauteur de l’enjeu, qui n’est pas moins que la cohésion de notre nation. Et si on essayait…
Thèmes abordés