Trente-huit listes, trente-huit panneaux, et obligatoirement dans chaque lieu de vote. Et des règles d’affichage que les communes doivent bien entendu respecter à la lettre. Au lieu de retenir la vitalité de notre démocratie, les maires retiendront ce casse-tête du « panneautage ». En 2024, nous en sommes parfois encore à utiliser des planches en contreplaqué, des tables de tennis de table ou encore des bâches agricoles pour permettre cet affichage. Les maires et leurs équipes s’évertuent à trouver des solutions le plus souvent légales, mais qui donnent une image bien peu valorisante des élections et de leur commune. Beaucoup d’élus se disent navrés de devoir présenter un tel spectacle de bric et de broc. Et ceci, d’autant plus pour n’avoir finalement que quatorze ou quinze affiches collées.
Tout cela n’est pas sérieux ; les élections sont un rendez-vous sérieux. Elles méritent mieux que cette impression d’amateurisme. J’ai d’ailleurs demandé aux maires de la Côte-d’Or de me transmettre une photographie de leur affichage afin de le garder pour la postérité !
Nous avons à appliquer des règles qui me semblent périmées. Elles datent d’une période où la diffusion de l’information n’était pas aussi massive et rapide qu’aujourd’hui. Faut-il encore prévoir ces panneaux électoraux que l’on installe à chaque élection d’une manière presque automatique ? Faut-il encore faire ces envois de professions de foi et de bulletins chez chaque électeur (on se souvient de l’épisode malheureux des derniers envois reçus après l’élection).
Que faire ?
Passer à des affichages digitaux nécessitant de lourds investissements ? Passer à des consultations numériques des propagandes électorales comme lors de la période du Covid, au risque d’écarter les électeurs les plus isolés ?
On pourrait au moins imaginer que les dimensions des affiches deviennent plus petites ou présenter sur les panneaux le recto et le verso de la profession de foi et pourquoi pas le bulletin de vote pour limiter le linéaire (estimé cette année à 23 mètres !). Cela donnerait peut-être un peu plus d’intérêt pour cet affichage. Au delà des visages, nous aurions des informations utiles et concrètes sur les engagements des candidats.
Mais encore, faut-il filtrer le nombre de listes avec un système de parrainage ? Trente-huit listes, quatorze affiches et combien de bulletins de vote différents sur les tables le 9 juin ? Les enjeux européens méritent un cadre d’organisation des élections modernisé, et non des règles datées.
En tout cas, nous ne pouvons faire l’économie d’un travail en commun entre l’Etat et les associations d’élus afin de trouver un système renouvelé encadrant la propagande électorale. L’année 2025, théoriquement sans élection, serait la période propice afin de changer ces règles.
Si l’on souhaite tous faire vivre notre démocratie en incitant à aller voter, alors travaillons afin que le bureau de vote soit plus attractif, avec une communication politique modernisée et un cadre juridique adapté à notre société.
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