Comment appréhende-t-on la transition énergétique et la gestion des risques naturels (qui peuvent être d’origine climatique) dans les petites communes ? La question a été posée, en avril, à 251 élus et fonctionnaires territoriaux de communes abritant moins de 10 000 habitants (qui sont au nombre de 34 000). Des collectivités dans lesquelles vivent et travaillent plus de 33 millions de personnes.
Cette étude « La Gazette » – Axa Prévention avait pour but d’évaluer le niveau d’information en matière de risques climatiques et de transition écologique, de recenser les actions engagées et d’identifier les attentes. Premier constat : malgré la noirceur de l’actualité environnementale, l’heure n’est pas au pessimisme. Plus d’un répondant sur deux (54 %) affiche un bon, voire très bon, moral. Ce qui explique, sans doute, un certain optimisme à l’évocation des enjeux climatiques. Interrogés sur les sentiments que leur inspirent ces questions pour leur commune, deux tiers disent s’engager, un tiers se dit motivé à agir (voir l’infographie ci-dessous).
Le découragement et une certaine forme d’écoanxiété frappent moins d’une personne sur cinq. On est très loin du diagnostic posé, en octobre dernier, par le Conseil économique social et environnemental (Cese). Dans son rapport annuel, le Cese indique que huit Français sur dix manifestent un sentiment fort d’anxiété face aux effets des dérèglements climatiques.
Faute de connaissances
Il semble exister un véritable décalage entre les plus grandes des petites villes (comprises entre 5 000 et 9 999 habitants) et les plus petites. Ediles et administratifs des premières estiment être en avance et bien accompagnés pour gérer les problèmes liés à la transition énergétique.
En revanche, les 60 % de répondants appartenant aux communes « en retard » se sentent délaissés, tant par l’Etat et ses opérateurs que par les services du département ou de la région. A noter que les associations sont les deuxièmes institutions « accompagnatrices » de collectivités les plus souvent citées (19 %), juste derrière les préfectures (25 %).
Sans surprise, la majorité des sondés (68 %) souhaitent muscler leur savoir pour bien travailler sur les questions climatiques. « Il faudrait quelques dizaines de millions d’euros d’argent public, chaque année, pour créer les effectifs en équivalents – temps pleins nécessaires pour s’assurer que l’adaptation est convenablement prise en compte dans l’action publique locale », soulignait, le 23 janvier, Benoît Leguet, directeur général de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), lors d’une table ronde sur l’adaptation.
En toute logique, 81 % réclament de la formation sur la transition. Normal, si l’on considère que 48 % des répondants peinent à initier ladite transition, faute de connaissances suffisantes (voir l’infographie ci-dessous).
Les sujets environnementaux sont bien en tête de l’agenda des décideurs locaux (36 %), loin devant les questions sanitaires (21 %), la qualité de vie des agents au travail (16 %) ou l’attractivité du territoire (16 %). Mais les motivations à l’engagement de la transition peuvent surprendre.
Elus et fonctionnaires territoriaux considèrent avoir des responsabilités vis-à-vis des générations futures et vouloir respecter la nature et le vivant (57 % dans les deux cas). Ils pensent aussi (mais à 39 % seulement) à l’amélioration du bien-être de leurs administrés. Cela contraste avec les priorités de leurs collectivités : énergie, eau, assainissement et déchets, aménagement et urbanisme (voir l’infographie ci-dessous).
Un sujet consensuel
En matière d’énergie, on ne peut qu’être surpris par l’état d’impréparation des petites collectivités. Seules 24 % d’entre elles ont déjà effectué un diagnostic énergétique et/ou carbone. La plupart l’ont conjugué à la réalisation du plan communal de sauvegarde (PCS). Pour autant, la transition énergétique des territoires est aussi entravée par les manques de budget (pour 74 % des sondés), de ressources humaines (35 %) et, une fois encore, de compétences (32 %).
Signe encourageant : réduire les émissions de gaz à effet de serre, maîtriser les consommations d’énergie ou décarboner les activités communales n’est plus (vraiment) un enjeu politique. Seuls 18 % des sondés estiment que la transition est, politiquement, dissensuelle ou qu’elle pourrait se heurter à la réticence des électeurs (12 %). Des chiffres moins inquiétants que ceux de l’étude ObsCOP 2023 d’EDF, qui évalue à 37 % le pourcentage de climato-sceptiques en France.
La prévention des aléas naturels – dont certains, comme le retrait-gonflement des argiles, croîtront à mesure que le climat s’échauffera – est bien plus développée. Sept communes sur dix ont réalisé leur PCS ou ont prévu de le faire (voir l’infographie ci-dessous). Mais elles ne sont que 43 % à avoir organisé les exercices de simulation, pourtant obligatoires. Ce qui ne les empêche pas d’estimer (dans 61 % des cas) avoir correctement informé les administrés des aléas naturels encourus sur la commune, des mesures de prévention et des réactions à adopter en cas de situation d’urgence.
Références
Méthodologie : étude réalisée en ligne pour « La Gazette » et Axa Prévention, du 4 au 20 avril 2024, auprès de 251 répondants issus de collectivités territoriales de moins de 10 000 habitants et produite par Infopro Digital études (etudes@infopro-digital.com).