Lobbying : le terme est toujours un gros mot dans la bouche de bien des élus locaux français. Beaucoup ont encore des pudeurs de gazelle au moment de mener des stratégies d’influence auprès des instances de l’Union européenne. Là où les Länder allemands disposent d’immeubles entiers dans le quartier de la Commission et du Parlement, les grandes collectivités tricolores doivent se satisfaire, le plus souvent, d’un simple bureau. En dehors des rares thuriféraires d’une Europe des régions qui ferait plus ou moins fi de l’Etat, comme le patron (ex-PS) de la Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, les édiles se font rares dans la capitale belge.
Maigres troupes
Ils viennent bien, de temps en temps, en délégation. Ils rencontrent tel ou tel représentant de la Commission, avec lesquels ils posent sur les réseaux sociaux. Mais leur action s’arrête souvent là. Leurs maigres troupes dans la capitale belge n’ont pas les moyens de peser sur un processus de décision européen, aussi long que complexe. Les rares tentatives d’union des forces, comme la Maison européenne des pouvoirs locaux, se sont soldées par un échec. En proie au syndrome gaulois, les collectivités françaises ne savent pas chasser en meute. Bilan des courses ? Elles peinent à peser sur les grands choix de l’Union, comme le pacte vert.
Eurodéputés hors sol
A la veille de l’élection des eurodéputés, le 9 juin, France Urbaine veut inverser la donne. Dans une plateforme très étoffée, elle fait valoir une série de propositions, là où la plupart des autres associations catégorielles d’élus se contentent de déclarations d’intention. Les grandes villes seront-elles pour autant entendues ? Pas sûr. Au sein même de la délégation française au Parlement, les spécialistes des collectivités ne sont pas légion. Et, parmi les principales têtes de liste du cru 2024, aucune, de Jordan Bardella à Raphaël Glucksmann, n’a dirigé un exécutif local. Dans ces conditions, la fracture entre Bruxelles et ce qu’il est convenu d’appeler « les territoires », risque encore, hélas, d’un peu plus se creuser durant la prochaine mandature.