« Ancrés dans leur territoire, [les cinémas de proximité] doivent apparaître comme des établissements ouverts à tous publics, à la diversité des oeuvres et l’évolution des usages. Ces cinémas ne se limitent pas à la diffusion de films – précédés par une campagne de promotion – ils sont désormais des lieux d’animation de la vie sociale et culturelle ouverts sur l’espace public », écrivent d’emblée les auteurs du guide Créer ou transformer un cinéma, publié par l’Agence nationale pour le développement du cinéma en région (ADRC), pour justifier l’importance de la qualité architecturale et urbaine d’un cinéma.
Projet d’exploitation et projet culturel
« Les cinémas de proximité constituent souvent l’unique salle de cinéma de la localité dans laquelle ils sont établis », soulignent les auteurs. Avec notamment une difficulté : le mariage entre un projet d’exploitation, avec sa cohérence économique, et un projet culturel. Par projet culturel, il faut entendre, diffusion, médiation, éducation à l’image, animation, lien social (avec, par exemple, un espace bar-restauration), ancrage territorial… autant de fonctions que doit servir le projet architectural.
Le guide passe en revue toute la chaîne d’élaboration de la création ou de la rénovation d’un cinéma : depuis l’analyse globale du secteur (nombre d’équipements, de salles, données de fréquentation, différents types de cinéma, etc.), jusqu’aux autorisations à obtenir, en passant par l’étude économique et financière, le compte d’exploitation prévisionnel, les possibilités de financement, les normes à respecter et le suivi de la maîtrise d’ouvrage. Auxquels s’ajoutent la définition du projet culturel (ligne éditoriale cinématographique, politique de médiation et d’animation etc.)
L’approche technique : indispensable, mais pas suffisante
« Un cinéma ne peut être conçu sur la seule base des règles techniques de projection et de sécurité, aussi importantes soient-elles. Les efforts de conception architecturale doivent s’appliquer non seulement aux salles mais aussi à l’organisation spatiale du bâtiment, à sa décoration, à ses espaces d’accueil, à sa façade, à son ouverture sur la rue et l’espace public, mettent en garde les auteurs. Dans ce domaine, seule la qualité laisse sa marque dans la mémoire collective, tandis qu’au fil du temps structures, volumes, décorums et modes architecturales évoluent.»
De même, le choix du lieu d’implantation de l’équipement figure parmi les critères déterminants. « Son implantation ne peut ainsi être laissée au seul hasard des disponibilités foncières, ni découler des seules contraintes financières ou commerciales. Le succès de la salle, de même que son impact sur son environnement, dépendent d’une véritable réflexion urbanistique, dans la grande ville et la banlieue, comme dans la petite commune ou la station touristique », soulignent les auteurs.
Ecoresponsabilité
« Créer ou transformer une salle de cinéma implique ainsi un ensemble de démarches et d’analyses techniques, administratives, urbanistiques, économiques et culturelles, qui, imposées ou non par les procédures officielles, n’en sont pas moins essentielles à la réussite du projet », insistent les auteurs.
Cette quatrième édition du guide comporte des indications sur les problématiques d’écoresponsabilité (matériaux, énergie, notamment), d’accessibilité du lieu et des films pour les personnes handicapées, de reconquête des centres-villes et des centres-bourgs.
Le guide élaboré par l’ADRC, avec le concours du cabinet d’experts en cinéma et audiovisuel Hexacom, a donc vocation à constituer une aide à la décision à toutes les étapes du projet. « Ce vademecum n’a cependant pas vocation à se substituer aux indispensables experts ad hoc que le lecteur ne manquera pas de consulter aux différentes étapes de son projet, notamment sur les questions architecturales, juridiques et économiques », précisent cependant les auteurs.
Références
- Créer ou transformer un cinéma
- Restez informé de l'actualité des politiques culturelles, inscrivez-vous à la Newsletter Culture de la Gazette