L’article 55 de la loi n° 2000-1208 du 13 dĂ©cembre 2000 relative Ă la solidaritĂ© et au renouvellement urbains (dite « SRU »), oblige certaines communes Ă disposer dâun nombre minimum de logements sociaux (Ă hauteur de 20-25 %), proportionnel Ă leur parc rĂ©sidentiel. Jean-François Debat et Antony BorrĂ©, respectivement maire de Bourg-en-Bresse et adjoint au maire de Nice, s’expriment sur ce sujet.
« La loi a permis de lutter contre la ghettoĂŻsation »Â
Jean-François Debat, maire (PS) de Bourg-en-Bresse
(41Â 500Â hab., Ain)
« Lâannonce de Gabriel Attal dâintĂ©grer du logement local intermĂ©diaire [LLI] dans le dĂ©compte de lâarticle 55 de la loi âSRUâ va dĂ©tricoter cette obligation qui est entrĂ©e dans les mĆurs, sauf pour quelques maires, en Ile-de-France et sur la CĂŽte dâAzur. Les associations dâĂ©lus ne demandent pas dâĂ©volutions. Le gouvernement cĂšde ainsi Ă la partie la plus rĂ©actionnaire de la droite. Jâai Ă©tĂ© conseiller spĂ©cial du secrĂ©taire dâEtat chargĂ© du Logement, Louis Besson, le pĂšre de la loi âSRUâ, et jâaime rappeler que Jacques Chirac y Ă©tait favorable et que Nicolas Sarkozy lâavait assouplie, sans la remettre en cause. Si la volontĂ© du Premier ministre devient une loi, les communes carencĂ©es en logement social pourront construire 100 % de LLI, accessibles Ă une famille qui gagne 7 000 euros par mois avec deux enfants. Aujourdâhui, 66 % de la population peut accĂ©der aux logements sociaux, mais demain, en intĂ©grant le LLI, 85 % des Français seront comptabilisĂ©s dans cette loi. Et ce seront les 15 % les plus riches qui pourront avoir accĂšs Ă un logement.
Cette loi, qui impose un seuil minimal de mixitĂ© sociale, a permis de lutter contre la ghettoĂŻsation, surtout en rĂ©gion parisienne, et de produire du logement social sans agressivitĂ©. DĂ©densifier les quartiers en renouvellement urbain fait partie, depuis vingt ans, des objectifs de lâAgence nationale pour la rĂ©novation urbaine. Il ne faut pas sây tromper, le refus de construire de lâhabitat social est avant tout le rejet des habitants pauvres et issus de la diversitĂ©. Les communes carencĂ©es prĂ©fĂšrent payer que les accueillir. Et les maires rĂ©fractaires Ă la loi mettent en avant lâargument du ZAN pour ne pas rĂ©aliser dâopĂ©rations. La loi âSRUâ constitue la moitiĂ© de la dynamique de la construction de logements sociaux. Dans un contexte de crise du logement, cette Ă©volution risque dâengendrer, dans les prochaines annĂ©es, une baisse importante de la production dans le parc social. »
«âLe texte ne reflĂšte pas lâengagement des Ă©lusâ»
Anthony Borré, premier adjoint (Horizons)
au maire de Nice  (348â100 hab., Alpes-Maritimes)
 
Les annonces de Gabriel Attal vont dans le bon sens. A Nice, nous appelons Ă plus de concertation avec les Ă©lus et Ă des rĂ©compenses pour ceux qui font lâeffort de produire du logement social. LâEtat nâa quâune vision mathĂ©matique et ne regarde pas la qualitĂ© des prestations rĂ©alisĂ©es et le bien-ĂȘtre apportĂ© aux habitants. La loi âSRUâ est un texte qui ne reflĂšte pas lâengagement des Ă©lus. Face Ă un marchĂ© grippĂ©, avec une demande de logement qui explose, nous allons continuer de rĂ©aliser des opĂ©rations, pour tous les segments, par la surĂ©lĂ©vation, la lutte contre les vacances ou la rĂ©gulation des locations saisonniĂšres. Avec 80 maires, nous avons pris position pour une évolution de la loi âSRUâ dans une lettre ouverte Ă Â Guillaume Kasbarian, ministre chargĂ© du Logement, qui nous recevra prochainement. »
Références
ThÚmes abordés









