Chaque jour, 110 000 vĂ©hicules empruntent certaines sections de la rocade de Rennes, ville-centre de Rennes mĂ©tropole, et du pĂ©riphĂ©rique de Nantes, sur le territoire de Nantes mĂ©tropole (Rennes : 222 485 hab. ; Rennes mĂ©tropole : 43 communes, 462 580 hab. ; Nantes : 320 732 hab. ; Nantes mĂ©tropole : 24 communes, 672 42 hab.). Des axes fortement congestionnĂ©s, ce qui avait valu Ă Rennes d’arriver première au classement des villes les plus embouteillĂ©es de France en 2021. Mais la mise en Ĺ“uvre de mesures de gestion de trafic permet de fluidifier la circulation et d’inciter les automobilistes Ă se reporter vers les transports en commun et le covoiturage. En 2016, la Diro a entamĂ© une rĂ©flexion avec les ÂcollectivitĂ©s concernĂ©es.
Capteurs sous la chaussée
Une rĂ©flexion qui a abouti au lancement des deux premiers SDAGT financĂ©s par les collectivitĂ©s et l’Etat. Afin de dupliquer des mesures d’une mĂ©tropole Ă l’autre, lorsque cela fonctionne, « nous avons avancĂ© parallèlement sur les deux schĂ©mas », indique ÂRaphaĂ«l ÂChateau, chargĂ© de projet pour l’étude et la mise en Ĺ“uvre du SDAGT au sein de la Diro.
C’est le cas avec la rĂ©gulation d’accès au pĂ©riphĂ©rique nantais testĂ©e depuis 2019, instaurĂ©e Ă Rennes cette annĂ©e. « Il s’agit de petits amĂ©nagements pour amĂ©liorer le flux dynamique et retarder la congestion en optimisant les entrĂ©es sur la rocade, explique ÂKarine ÂFleury, directrice du pĂ´le “ingĂ©nierie et services urbains” Ă Rennes mĂ©tropole. Notre première crainte Ă©tait que les bouchons remontent sur les voies pĂ©nĂ©trantes dans Rennes, mais l’expĂ©rience nantaise nous a montrĂ© que cela n’était pas le cas. »
Le dispositif consiste en la pose de capteurs sous la chaussĂ©e de la rocade ou du pĂ©riphĂ©rique. Ceux-ci Ă©valuent la densitĂ© du trafic et, lorsque celui-ci devient trop dense, envoient un message Ă un feu de rĂ©gulation postĂ© sur une voie ÂpĂ©nĂ©trante, qui passe au rouge pour stopper momentanĂ©ment l’arrivĂ©e des vĂ©hicules sur le pĂ©riphĂ©rique. Des capteurs sont Ă©galement placĂ©s sur la pĂ©nĂ©trante de façon Ă rouvrir l’accès si le trafic devenait trop dense en amont. « C’est une technologie conçue par la Diro, prĂ©cise ÂKarine ÂFleury. Nous y avons contribuĂ© en apportant notre connaissance du territoire. »
Gain de temps
En plus de la rĂ©gulation d’accès, les deux SDAGT visent surtout Ă favoriser les transports en commun et le covoiturage. A Nantes, la crĂ©ation d’une première VRTC a dĂ©marrĂ© en 2021. Le principe est d’amĂ©nager la bande d’arrĂŞt d’urgence pour y faire cirÂculer les bus aux heures de pointe et fiabiliser leur temps de parcours. A Rennes, la première VRTC a Ă©tĂ© mise en Ĺ“uvre en janvier sur la 2 x 2 voies Nantes-Rennes, sur 4 kilomètres jusqu’à la rocade.
D’après les premiers retours Ă©tablis par la Diro, elle permet de gagner jusqu’à neuf minutes aux bus qui l’empruntent et la mesure est saluĂ©e par les conducteurs. Mais « cela oblige Ă renforcer la structure de la bande d’arrĂŞt d’urgence pour que la chaussĂ©e supporte le poids des autobus et Ă l’élargir de 2,5 Ă 3,5 mètres », note ÂRonan ÂGourvennec, directeur de pĂ´le au dĂ©partement d’Ille-et-Vilaine.
En plus de cette VRTC, le SDAGT mené avec Rennes métropole expérimente, depuis octobre, la « VR2+ » : « C’est le terme technique pour désigner la voie dite “de covoiturage”, explique Raphaël Chateau. Ce n’est pas une voie réservée aux covoitureurs, mais elle est interdite aux autosolistes. A partir du moment où il y a deux personnes dans un véhicule, il est autorisé à emprunter cette voie. »
Contrôle vidéo
Concrètement, les véhicules ayant deux personnes à bord minimum peuvent emprunter la bande d’arrêt d’urgence, devenue VRTC, lorsque le trafic est ralenti. La vitesse est limitée à 50 kilomètres par heure pour les véhicules empruntant la voie, qui conserve ses fonctionnalités d’urgence : un véhicule en détresse peut toujours s’y arrêter. Un système de contrôle vidéo est mis en place afin de vérifier automatiquement le nombre de passagers présents dans le véhicule : les usagers en infraction seront passibles d’une contravention de classe 4 assortie d’une amende de 135 euros.
L’expĂ©rimentation est programmĂ©e d’octobre 2023 Ă aoĂ»t 2024. « Jusqu’à prĂ©sent, les voies de covoiturage Ă©taient installĂ©es sur une voie de circulation, souligne RaphaĂ«l Chateau. En l’occurrence, sur une 2 x 2 voies, cela signifie rĂ©server 50 % de la route Ă 20 % des usagers. Utiliser la bande d’arrĂŞt d’urgence permet d’avoir une voie en plus. » La mesure est Ă©galement testĂ©e Ă Nantes. Dans tous les cas, les deux SDAGT prĂ©voient la gĂ©nĂ©ralisation des voies rĂ©servĂ©es au transport en commun sur toutes les pĂ©nĂ©trantes de la rocade rennaise et du pĂ©riphĂ©rique Ânantais d’ici Ă 2030.
L’apport d’une expérience réalisée dans un milieu moins urbain
Ronan Gourvennec, directeur du pôle « construction et logistique »
Dès 2017, le dĂ©partement d’Ille-et-Vilaine a rĂ©pondu prĂ©sent pour entamer une rĂ©flexion quadripartite sur la gestion du trafic de la rocade de Rennes et ses pĂ©nĂ©trantes. Pourtant, ce n’était pas une Ă©vidence : « A priori, le dĂ©partement n’est pas concernĂ©, l’ensemble des routes ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es Ă la mĂ©tropole de Rennes, explique Ronan Gourvennec, directeur gĂ©nĂ©ral du pĂ´le « construction et logistique ». Mais le prĂ©sident a souhaitĂ© que le conseil dĂ©partemental soit associĂ©, car nous avons tout intĂ©rĂŞt Ă ce que la cirÂculation du “verrou rennais“ soit la plus fluide possible, la ÂmĂ©tropole de Rennes est au cĹ“ur de notre territoire. »
Par consĂ©quent, l’Ille-et-Vilaine finance 25 % du budget initial de 25 millions d’euros et les services ont Ă©tĂ© associĂ©s Ă toutes les Ă©tapes de rĂ©flexion et de mise en Ĺ“uvre du schĂ©ma directeur d’aggloÂmĂ©ration de gestion du trafic. « Nous avons travaillĂ© avec deux partenaires, l’Etat et la mĂ©tropole, qui ont des techniciens rompus Ă leur mĂ©tier, salue ÂRonan ÂGourvennec. Et nous avons pu apporter notre expĂ©rience de gestion automobile en milieu moins urbain. » Une deuxième phase du schĂ©ma est dĂ©jĂ envisagĂ©e, qui impliquerait la rocade de Rennes, ses pĂ©nĂ©trantes mĂ©tropolitaines et la dĂ©partementale 137 reliant Rennes Ă Saint-Malo. « L’objectif est d’installer une voie rĂ©servĂ©e aux transports en commun et au covoiturage ici aussi, mais cela va ĂŞtre beaucoup plus compliquĂ© parce que nĂ©cessitant d’élargir des ouvrages d’art. »
Contact : Ronan Gourvennec, 02.99.02.36.01.
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