Objectif transition Ă©cologique. InterrogĂ©s dans le cadre d’une Ă©tude en ligne pour « La Gazette » et le professionnel de Âl’habitat ÂProcivis, Ă©lus et agents des collectivitĂ©s locales font de la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique du parc existant de copropriĂ©tĂ©s et de bâti public leur principale prioritĂ© en matière de logement (49 %). Une thĂ©matique qui arrive devant la production de logements sociaux (39 %), la rĂ©novation des bâtiments (38 %) et l’accesÂsion Ă la propriĂ©tĂ© (24 %) (voir le graphique).
Un dossier de la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique brĂ»lant Ă l’heure de l’explosion des prix de l’électricitĂ© et du gaz gĂ©nĂ©rĂ©e par l’arrĂŞt de la moitiĂ© du parc nuclĂ©aire Âfrançais et la guerre en ÂUkraine. La question a provoquĂ© une passe d’armes très virulente Ă l’AssemblĂ©e nationale fin octobre entre le pouvoir macronien et les oppositions reprĂ©sentĂ©es par le RN, d’une part, et la Nupes, d’autre part. En attendant que le projet de loi de finances tranche dĂ©finitivement le montant du soutien des pouvoirs publics Ă la transition Ă©nergĂ©tique pour 2023, les acteurs locaux se montrent très volontaristes. Les rĂ©sultats de notre enquĂŞte sont nets sur ce chapitre.
Accepter le ZAN
A 66 %, les Ă©lus et les agents publics territoriaux font leurs les objectifs de la loi « climat et rĂ©silience » du 22 aoĂ»t 2021. Une manière de ÂplĂ©bisciter l’interdiction d’augmenter les prix des locations classĂ©es F et G. But de la manĹ“uvre ? Inciter les propriĂ©taires bailleurs Ă effectuer des travaux de rĂ©novation Ă©nergĂ©tique. Une façon d’approuver le fameux ZAN. Le zĂ©ro artificialisation nette des sols figure Ă©galement au menu de la loi « climat et rĂ©silience ». Il oblige les territoires Ă rĂ©duire de moitiĂ© le rythme de consommation d’espaces naturels agricoles et forestiers d’ici Ă 2031 et Ă arriver Ă une absence d’artifiÂcialisation nette d’ici Ă 2050.
Par ailleurs, 64 % des acteurs locaux réclament une décentralisation des politiques de logement au profit des communes et des intercos (voir le graphique).
Un rĂ©sultat sans surprise, tant le Âsecteur souffre de l’opacitĂ© de certains dispositifs Ă©tatiques. Mais peut-ĂŞtre les choses vont-elles bouger… Car la Première ministre, ÂElisabeth ÂBorne, partage l’exigence de dĂ©centralisation exprimĂ©e par les acteurs locaux. Lors de son allocution devant la convention d’IntercommunalitĂ©s de France, le 7 octobre Ă ÂBordeaux, la cheffe du gouvernement a lancé : « Nous devons placer les moyens et les responsabilitĂ©s Ă l’échelle du bassin de vie, tout en rĂ©pondant aux exigences de production de logements et de mixitĂ© sociale. C’est pourquoi, comme le prĂ©sident de la RĂ©publique s’y Ă©tait engagĂ©, nous mènerons une rĂ©forme de la politique du logement fondĂ©e sur la dĂ©centralisation des compĂ©tences de l’Etat. »
Un leitmotiv Ă©galement des associations d’élus. Le prĂ©sident d’IntercommunalitĂ©s de France, ÂSĂ©bastien ÂMartin (LR), dĂ©fend par exemple l’instauration d’autoÂritĂ©s organisatrices de Âl’habitat sous l’égide des communautĂ©s d’aggloÂmĂ©ration, communautĂ©s de communes et autres mĂ©tropoles. Un rĂ©gime calquĂ© sur les autoritĂ©s organisatrices de la mobilitĂ© Âexistantes. Un chantier qui ne rĂ©soudra pas, Ă lui seul, la crise du logement. Au chapitre du secteur du neuf, les acteurs locaux pointent plusieurs freins. Le manque de foncier disponible arrive largement en tĂŞte de leurs rĂ©ponses (61 %), loin devant le coĂ»t des chantiers et des matĂ©riaux (33 %) et le manque de soutien budgĂ©taire de l’Etat (29 %) (voir le graphique).
Dossier clivant
La machine du logement social, elle, fonctionne à plein régime : 64 % des répondants indiquent que des constructions sont prévues ou réalisées dans leur commune depuis les dernières municipales d’avril et de juin 2020.
Parmi les projets, les logements HLM traditionnels, financés par les prêts locatifs à usage social, se taillent la part du lion (44 %). Les logements PLAI, réservés aux personnes en situation de grande précarité, ne représentent que 14 % des projets des sondés. Le chiffre est le même pour les logements en prêt locatif social, concernant les projets situés en priorité dans les zones dans lesquelles le marché immobilier est le plus tendu. Le prêt locatif intermédiaire ferme la marche avec 8 %.
Le logement social reste un sujet clivant. Pour 42 % des personnes interrogées, les projets dans le secteur ne sont pas bien perçus. Dans des communes soumises à l’obligation de 20 % de logements sociaux, 45 % des acteurs locaux sondés observent que leur municipalité ne respecte pas ce seuil fixé par la loi. Pour 45 % d’entre eux, il faut donner accès aux logements sociaux au plus grand nombre, plutôt que de les réserver aux populations les plus modestes (35 %).
Autant de questions sur lesquelles le gouvernement se fait plutĂ´t discret depuis son intronisation en mai. Aucun projet de loi sur le logement n’est en prĂ©paration. Mais le ministre de la CohĂ©sion des territoires et de la transition Ă©cologique, ÂChristophe ÂBĂ©chu, a mis en place un agenda local. Une dĂ©marche grâce Ă laquelle il recueille les dolĂ©ances des associations d’élus locaux. Nul doute que, parmi celles-ci, le logement Âfigurera en bonne place.
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