Du jour au lendemain, 5,2 millions de logements vont – théoriquement – disparaître du marché. Il s’agit de ces habitats désignés comme « passoires thermiques », classés en F ou G au titre du nouveau diagnostic de performance énergétique, et qui représentent 17 % du parc de logements. En vertu de la loi « climat et résilience » du 22 août 2021, pour les logements classés « G », c’est pour demain, soit le 1er janvier 2025 ; pour les « F », le 1er janvier 2028.
Belle décote
En Ile-de-France, selon une étude de l’Institut Paris région publiée le 13 octobre, 45 % des logements classés en E, F ou G vont petit à petit « s’évaporer » du marché jusqu’au 1er janvier 2034… En réalité, ces logements deviendront interdits à la location. Reste à voir qui vérifiera le respect de cette obligation, mis à part les collectivités, dans le cadre de la lutte contre l’habitat indigne. Les biens mis en vente subiront certainement une belle décote – ce qui risque d’entraîner de nouvelles tensions sur le marché immobilier et locatif, et un report vers le parc social déjà saturé.
Sans couperet, il est vrai, impossible d’avancer sur ce dossier complexe et coûteux de la rénovation thermique des logements, crucial pour la lutte contre le réchauffement climatique, alors que 20 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent du logement. Sans argent non plus.
Dysfonctionnements
En 2020, les dispositifs d’aides portés par l’Anah ont été simplifiés et ouverts à tous, sous la bannière MaPrimeRénov’, et dotés de 2,4 milliards d’euros. Depuis le 1er janvier, plus de 1,2 million de foyers ont bénéficié d’une aide, mais l’Anah, dépassée par son succès, peine à répondre à la demande, comme en témoignent les recommandations du Défenseur des droits rendues publiques le 18 octobre. Les dysfonctionnements de la plateforme France Rénov et les retards de traitement des dossiers pénalisent plus particulièrement les usagers les plus précaires, dénonce ce dernier.
Ce « mur » des passoires thermiques symbolise bien tout l’enjeu de la transition écologique : les politiques publiques doivent être menées pour tous, l’enjeu étant de ne pas laisser les ménages les moins aisés sur le côté, voire d’en faire les victimes.
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