A l’heure de la crise climatique, les métropoles font face à des défis écologiques de taille : repenser la place des véhicules dans des espaces de vie, de travail, de déplacement et de loisir. Un des outils des politiques publiques actuelles sont les ZFE. Les Zones à Faibles Émissions mobilités (ZFE) constituent un enjeu social et sanitaire majeur et particulièrement pour les plus défavorisés.
Penser leur mise en œuvre de manière holistique peut éviter d’en faire des zones d’exclusion. En effet, elles pourraient permettre de réduire les inégalités sociales et territoriales si les besoins de mobilité de ces personnes sont pris en compte et respectés ! Entendre leur voix et les prendre en compte est primordial pour que la transition écologique ne laisse personne de côté et n’exacerbe pas les tensions sociales déjà présentes.
Le risque de créer des territoires à deux vitesses
Les impacts sociaux sont absents des études nationales et européennes relatives aux conséquences des ZFE. Or, les statistiques le montrent ; rien qu’à Grenoble, la moitié des plus précaires qui possèdent une voiture ne dispose pas d’alternatives concrètes. En outre, en France, les véhicules classés Crit’Air 5 et non classés représentent près de 18 % des véhicules détenus par les ménages du premier décile.
Il serait naïf d’imaginer que les ZFE impacteront les métropolitains seuls. Les retours du terrain sont univoques, les plus précaires vivant en dehors des métropoles et des grandes agglomérations seront également impactées par ces dernières. Ainsi, faute d’alternatives proposées à la voiture thermique et d’un accompagnement financier suffisant, les personnes précaires, résidant dans le territoire des ZFE aussi bien qu’en périphérie, se retrouveront exclues, isolées et encore plus contraintes financièrement.
Faire de la transition écologique une opportunité pour réduire les inégalités
Penser la ville sans tenir compte des plus précaires n’est plus une option dans un monde où les inégalités ne cessent de s’accroître et de mettre en péril notre contrat social.
Il est nécessaire de co-construire les modalités de mise en œuvre des ZFE avec les personnes vulnérables résidant dans leur périmètre aussi bien qu’en périphérie ainsi que de les accompagner financièrement pour ne laisser personne de côté.
Et enfin, parce que les ZFE doivent constituer une opportunité pour favoriser une transition écologique juste et inclusive, il est nécessaire de développer des mobilités alternatives, solidaires et durables accessibles à tous les citoyens et les citoyennes, quels que soient leur lieu de résidence et leurs ressources. Permettons à tous, notamment aux plus vulnérables, de disposer d’une liberté et d’un choix dans leurs déplacements tout en inventant des modèles collectifs de mobilité responsable.
Lutter contre la polarisation de l’écologie relève de chacun de nos acteurs publics. La transition énergétique peut sembler plus difficile à financer pour les plus précaires, mais elle se révèlera aussi plus positive en matière de santé, d’environnement ou de pouvoir d’achat à terme pour eux. Ils sont donc les premiers concernés. Les politiques publiques ne peuvent se faire sans eux.
Opérons une révolution fraternelle lors de la mise en place des ZFE afin d’en faire non pas des zones à fortes exclusions mais des territoires à forte accessibilité !
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